Alléluia ! Le jeudi, 8 mai 2025, la fumée blanche s’est enfin échappée de la cheminée de la Chapelle Sixtine où sont réunis en conclave depuis mercredi 7 mai, 133 Cardinaux venus de 70 pays, éparpillés aux quatre coins du monde, pour élire le Pape. Durant le conclave, les Cardinaux sont totalement coupés du monde, sevrés même des communications les plus ordinaires, téléphone, internet. Le scrutin se poursuit des jours, voire des semaines, tant qu’il n’y a pas eu un nom consensuel, moment annoncé au monde entier par la fumée blanche. Cette période a été cette fois-ci bien brève. Une fois n’est pas coutume. L’heureux élu est le Cardinal américain, Robert Francis Prévost. Il assumera son pontificat sous le nom de Léon XIV. De père français et de mère espagnole, il a été nommé Cardinal de Chicago, Etats-Unis, par son prédécesseur, le Pape François.

Le Pape Léon XIV est réputé pour son sens du consensus, de la recherche de l’équilibre même s’il est fermement opposé à l’ordination des femmes comme prêtres. Il est très proche des idées du Pape François tant sur les sujets théologiques que de société, immigration, homosexualité… S’agissant de la problématique migratoire, il a souvent pris le contre-pied des politiques de Donald Trump et de son gouvernement et a critiqué avec sévérité leurs différentes initiatives en la matière. Parviendra-t-il à faire infléchir ces politiques en usant de son aura et de son autorité morale ?

A en croire les observateurs avisés, Léon XIV est sans doute l’un des cardinaux les mieux avertis pour poursuivre l’œuvre pontificale du Pape François. Il a son amour pour les indigents, sa détermination de se poser en rempart contre l’injustice subie par les pauvres, de s’ériger en combattant pour la défense des droits des damnés de la terre.

Pour les profanes, les mystères entourant l’élection papale accroissent la solennité et la gravité de cet évènement qui devrait inspirer les gestionnaires du pouvoir temporel, quand ils construisent les mécanismes de sélection des pasteurs devant les conduire vers leur destinée. Les Cardinaux électeurs et Papabile s’isolent du monde grouillant et intempestif dans la sérénité et le recueillement pour désigner qui parmi eux possède les qualités requises pour servir de Chef de l’Eglise Catholique et le pasteur capable de conduire son troupeau dans la paix et l’amour du prochain. On ne confond pas l’essentiel et le futile, le dérisoire et le subsidiaire. Si l’essentiel se déroule à huis clos à l’intérieur de la Chapelle Sixtine, le dérisoire s’étale souvent loin du Vatican. Il n’y a donc ni cris d’orfraies ni gesticulations, ni rixes.

En tout état de cause, voilà une bonne partie du monde managée par deux  des plus puissantes institutions, le Vatican et le gouvernement américain, dirigées par deux Américains, Léon XIV et Donald Trump. On connaît déjà les turpitudes du second qui est en train de chambouler l’ordre des sociétés et des choses. On peut aisément subodorer l’épilogue de pareille dynamique: le chaos. Il va de soi que nul ne peut appeler un tel résultat. Le Seigneur a-t-il donné au monde un Pape américain pour tempérer l’ardeur du Chef temporel, également américain ? On ne peut que l’espérer. Même Toto ne s’y tromperait. Ce n’est pas pour cette raison que les cardinaux ont été si bien inspirés de choisir parmi eux Robert Francis Prévost, pour être le successeur de François ? Sans doute. En tout cas, le nouveau Pape a montré jusque-là qu’il a les qualités requises pour accomplir un pontificat inspirant aux hommes l’amour, la fraternité, l’humanisme et la paix.

Abraham Kayoko Doré