Le mercredi 21 mai, une rencontre au sommet que certains ont qualifiée d’historique, a réuni dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche, Cyril Ramaphosa et Donald Trump. Fâché l’un avec l’autre, les deux Présidents se sont retrouvés là pour papoter de leurs différends.

Depuis des semaines voire des mois, Trump s’invite dans les affaires intérieures de l’Afrique du Sud en dénonçant une prétendue spoliation des fermiers afrikanders de leurs terres par l’Etat. Il en déduit une posture raciste flagrante des dirigeants noirs de ce pays pour contraindre les Blancs à s’en aller sous des cieux plus cléments. Les multiples et vigoureuses dénégations de la Nation Arc- en-ciel n’ont guère tempéré l’ire du gladiateur de la Maison Blanche. D’où la causerie de la semaine dernière. En excellent guerriero pétri d’expérience, fort de la déconvenue de Zelensky dans le même Bureau, Ramaphosa est allé au-devant de Donald Trump, le carquois bien plein, avec une délégation savamment composée. Il aura été bien inspiré. Son collègue américain lui a tendu un piège auquel il a échappé grâce à cette organisation. Il est passé non loin de l’humiliation infligée à son prédécesseur ukrainien.

Sur la situation des Afrikanders en Afrique du Sud, Trump a bien envisagé de l’admonester, le moquer, le ridiculiser. Il a caressé l’espoir de l’éreinter en l’accablant de crime contre l’humanité à travers la projection d’une vidéo qui n’était pas apparemment prévue dans l’agenda de la tchatche : « Kill the Boer» de l’opposant radical, noir de surcroit, le bouillant Joseph Malema. L’effet surprise devrait déstabiliser le Sud-Africain, le perturber et faciliter l’opération de démolition envisagée par Trump. On aurait alors assisté au même spectacle piteux, affligeant dont Zelensky a souffert. On a vu, ce jour, un Donald Trump impérial et condescendant rabrouer Zelensky, tout petit dans ses souliers comme un polisson pris en flagrant d’élit d’espièglerie.

Aux graves accusations de Trump, Ramaphosa opposé une élégante mais ferme fin de non-recevoir. Il indique que les Afrikanders ne font point l’objet de chasse aux sorcières et qu’ils ne sont pas non plus les seules victimes de la criminalité dont on connaît l’acuité en Afrique de Sud. Blancs, Noirs et Métisses la subissent sans discrimination. Le ministre sud-africain de l’Agriculture, lui-même Afrikanders, balaie du revers de la main, ces fake-news d’Afrikanders spoliés de leurs terres.

Enfin, Trump joueur de Golf devant l’éternel, radieux, la main sur le palpitant, s’est fendu d’un commérage très amical avec deux autres membres de la délégation sud-africaine, Afrikanders et joueurs de Golf à la fois. Leur présence  dans la délégation du Président sud-africain a eu un effet dissuasif certain sur le colérique Trump et les siens, partisans de la méthode forte. La rencontre s’est déroulée comme une séance de travail normale dans une atmosphère apaisée et civilisée, conformément aux standards internationaux. Comme cela se doit entre gens respectueux du droit international et qui, par ailleurs, se vouent estime et courtoisie. Des qualités qui n’habitent pas souvent l’homme de Mar-a-Lago. Tout compte fait, à en croire les célébrissimes participants, ce meeting a contribué à décanter et à assainir les relations politiques et économiques entre les Etats-Unis et l’Afrique du Sud, deux grands partenaires traditionnels. La souplesse du Sud-Africain a eu raison de la force brutale du Yankee.

Abraham Kayoko Doré