Un brasier a réduit en cendres des dizaines de boutiques et magasins au marché Dibida, dans la commune urbaine de Kankan. L’origine du feu est inconnue. Les victimes pointent du doigt un groupe électrogène de l’hôtel Batè. L’incendie sest déclaré dans la soirée du 19 mai au marché Dibida. Plusieurs dégâts matériels enregistrés. Des boutiques et magasins de tapis, habits, ustensiles, chaussures, sont partis en fumée. Difficile, pour lheure, détablir un bilan.

Débarqués tardivement sur les lieux, les sapeurs-pompiers nont rien pu sauver. Mory Condé, le ministre de la Ville, de l’aménagement du territoire et chargé de la récupération des domaines spoliés de l’État, en séjour à Kankan, a constaté les dégâts, réconforté les victimes.

Interrogée par nos confrères de Guineematin.org, Bintou Sidibé se lamente : « J’étais à la maison. Mon fils ma téléphoné pour me dire quil y a le feu dans notre boutique. Sur place, on ma dit que le feu provient du groupe électrogène de l’hôtel Batè. Je nai quune boutique où je revends des habits, des assiettes () Rien na été sauvé.»

Kaba Sangaré, lui aussi, ignore l’origine de l’incendie. « Avant mon arrivée, un ami a cassé a défoncé la porte de la boutique, on a extrait quelques marchandises. Je vends des chaussures, des habits, des assiettes. Ceux qui ont en stock leurs marchandises ont tout perdu. Pour le moment, on ne peut pas estimer les pertes. Nous appelons les autorités à nous venir en aide. On a tout perdu ».

Le marché Dibida se situe derrière lhôtel Batè qui pallie les délestages par un groupe électrogène. Selon un confrère basé à Kankan, la plupart des victimes et témoins disent que le groupe électrogène « est à lorigine de lincendie.»

Contacté par notre rédaction, un responsable de l’hôtel Batè na pas voulu en parler. Même que le directeur «est indisponible.» À rappeler quen avril dernier, plusieurs magasins et boutiques du marché ont été déguerpis, dans lopération de récupération des domaines spoliés de l’État.

Sinistres en série

En Guinée, les incendies dans les marchés sont récurrents. Dans une tribune publiée le 20 mai dans la presse, Mohamed Kouyaté, expert en sécurité incendie, dit que le pays est secoué depuis 2021 par une série de sinistres « majeurs. L’incendie de Kankan, comme tant dautres, illustre un triptyque à haut risque : installations électriques anarchiques, accumulation de matériaux inflammables, aucune voie dévacuation ou de plan de secours connu. Selon la Direction générale de la protection civile, en 2022, au moins huit marchés urbains sur dix ne disposent de système dalerte incendie.»

Mohamed Kouyaté préconise des audits de sécurité obligatoires dans les marchés, hôpitaux et écoles. « Chaque marché qui brûle affaiblit léconomie locale. Il faut faire de la protection incendie une priorité nationale, au croisement des politiques d’éducation, de santé, d’économie et d’aménagement urbain.»

Yaya Doumbouya