L’indemnisation des victimes du massacre du 28 septembre 2009 a débuté mardi 13 mai à la Cour d’Appel de Conakry. A travers une cérémonie organisée pour la circonstance, 11 victimes, principalement des femmes violées au stade de Conakry, ont reçu des chèques en présence du ministre de la Justice et des hauts cadres l’administration. Au total, 119 milliards 900 millions de francs guinéens seront attribués à 334 victimes, chacun selon le montant contenu dans la décision de justice rendue le 31 juillet 2024.
Abdoulaye Baldé, président de la Commission d’indemnisation des victimes du massacre du 28 septembre 2009, a indiqué que le mode des indemnisations se faite aux victimes présentes ou représentées dont les noms figurent dans le jugement 019 du 31 juillet 2024, du tribunal criminel de Dixinn. Et de préciser que ces victimes doivent se munir des documents ci-après : Carte d’identité, passeport ou extrait de naissance, en cas de représentation, « produire un mandat de procuration établit par un notaire, accompagné de la Carte d’identité du mandant et du mandataire, présenter une photo actuelle » qui sera collée à la fiche du paiement, pour une « meilleure visibilité du bénéficiaire. Pour un souci de sécurité des bénéficiaires et de traçabilité de la transaction, les payements se feront par chèque de la Banque centrale, quitte au bénéficiaire de l’endosser au profit de sa propre banque. En termes d’activité, nous avons établi un plan de travail comportant la répartition des victimes en groupe, en tenant compte des infractions commises, à savoir : le groupe des femmes victimes de viols, le groupe des personnes victimes disparues ou mortes, le groupe des personnes victimes de coups et blessures, le groupe des personnes victimes de pillages de biens. Soit un total de 334 personnes bénéficiaires, pour une somme de 119 milliards 900 millions de francs guinéens. Sur la base de ce canevas et pour cette première journée, notre commission a traité les dossiers de 11 personnes. Deux personnes ont été renvoyées pour défaut de documents justificatifs », clarifie le président de la Commission d’indemnisation, avant de dire que le paiement se poursuivra au fur et à mesure.
L’émotion se lisait sur le visage des victimes. Au moment de la remise des chèques, les femmes fondaient en larmes. Oumou Barry, porte-parole des victimes, a exprimé à la fois sa joie et sa peine à cause des préjudices subis, même si elle affirme que c’est un geste qui « apaise et favorise la réconciliation nationale. Les mots me manquent. C’est un grand pas pour la Guinée et les Guinéens, c’est une grande première pour la Guinée et pour l’Afrique toute entière. Parce que du jour de l’ouverture du procès jusqu’au verdict, le déroulement nous a plu. J’étais présente dans la salle avec tout le monde. Ce geste du gouvernement nous va droit au cœur. Aujourd’hui, c’est une fierté pour les victimes. Je remercie le gouvernement du général Mamadi Doumbouya, je remercie le ministère de la Justice, particulièrement Alphonse Charles Wrigth, qui a commencé ce travail et Monsieur Yaya Kairaba Kaba qui a continué ce travail jusqu’à la fin. Nous remercions le staff des avocats, des juges, les mots nous manquent, nous les remercions infiniment ».
Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Yaya Kairaba Kaba, a rendu hommage aux parties civiles ayant patienté tout ce temps, et eu confiance en la justice du pays. « Aux victimes que j’ai vues en larmes pour la plupart, je compatis à leur douleur. La douleur que vous avez ressentie dans les circonstances que vous avez connues, aucun chèque ne peut vous les faire oublier. Ces chèques que nous vous remettons aujourd’hui en exécution de la volonté politique exprimée par Son Excellence, le Président de la République, Général Mamadi Doumbouya, est tout juste destinée à essuyer vos larmes, à vous faire comprendre que vous n’avez jamais été abandonnées par votre pays ».
La cérémonie s’est poursuivie par la remise des chèques aux 11 victimes présentes dans la salle.
Ibn Adama