Le 19 mai, trois employés des sociétés chargées de reconstruire l’aérodrome de Labé ont été écroués à la prison civile de Labé. Leur emprisonnement fait suite aux décès, par noyade, de cinq enfants à ce chantier.

Le 15 mai, c’était la stupéfaction dans la commune urbaine de Labé. Cinq enfants, âgés de moins de 10 ans, ont péri au chantier de l’aérodrome de la ville. Les familles des victimes ont vite dénoncé une ‘’négligence’’ des sociétés qui y travaillaient’’. Le parquet du tribunal de première instance de Labé, qui avait annoncé l’ouverture d’une enquête, passe à la vitesse supérieure. Après 72 heures d’interrogatoire, trois travailleurs de ces sociétés ont été inculpés pour ‘’homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui’’ et placés sous mandat de dépôt à la prison civile de Labé. Le Guinéen, Souleymane Seydouba Camara, le Marocain, Aziz El Barbara et le Tunisien, El Kesi Achras y attendront leur procès. Les deux derniers, conducteurs de travaux, l’autre, ingénieur, sont les employés des sociétés Mining House établie à Colyah (Conakry) et United Mining Sudply. Les deux directeurs généraux, Mohamed Akra et Mohamed Benani, sont aussi dans le viseur de la justice : « Les trois premiers ont été emprisonnés, sont eux qui étaient sur le terrain. Des plaintes vont être bientôt adressées aux responsables des deux entreprises qui sont à Conakry pour qu’ils répondent de leurs actes », déclare Idrissa Sampiring Diallo, responsable de l’antenne locale de l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme et du citoyen (OGDH). Il promet que son organisation va suivre l’affaire jusqu’à ce que justice soit rendue : « L’OGDH s’est constituée partie civile pour que les familles victimes obtiennent justice. Une information judiciaire a été ouverte, nous veillerons à l’application stricte de la loi dans cette procédure.»

Souleymane, Mamadou Lamine, Mamadou Korka Diallo, Thierno Oumar et Mamadou Bah, ont péri dans un des multiples trous faits par les travaux. Les familles de ces enfants enragent, le chantier n’était pas tout clôturé, ni surveillé en permanence.

En 2024, un autre enfant de 9 ans avait perdu la vie sur le même site, pratiquement dans les mêmes circonstances. Là, la famille du défunt avait décidé de ne pas ester en justice.  

  Yacine Diallo