L’athée que je suis a suivi de bout en bout, grâce à Radio France Internationale (RFI), l’élection du Pape Léon XIV. Logiquement, cette élection devrait être pour moi un non-événement. Mais non, j’y ai trouvé de l’intérêt par le fait qu’elle a retenu l’attention du monde toutes confessions confondues, depuis le décès du Pape François jusqu’à l’élection de son successeur. Il faut dire en plus que je suis un adepte de Térence, ce poète romain qui a écrit : « Je suis un homme et tout ce qui touche à l’humanité ne m’est étranger ».
L’événement m’a donné l’opportunité de réfléchir à quelques problèmes de l’Eglise catholique. Selon les médias, cette Eglise regroupe 1 milliard 400 millions de fidèles disséminés à travers le monde, ce qui retient forcément l’attention de l’homme que je suis.
Je vois l’Eglise catholique comme toute organisation humaine traversée par des courants contradictoires dont certains sont d’obédience conservatrice et d’autres d’obédience réformatrice. La vie humaine étant soumise à une remise en cause perpétuelle, l’on est tenu chaque jour de s’adapter, d’accepter avec lucidité et courage des réformes nécessaires. Sinon l’on est vite dépassé et laissé au bord de la route.
Voici quelques réflexions qui, à mon avis d’observateur athée, pourraient favoriser la marche de l’Eglise catholique.
- L’élection du Pape a longtemps été l’apanage de l’Italie qui abrite la Cité du Vatican. Elle s’est ouverte à d’autres pays de l’Europe avant de toucher d’autres continents. Compte-tenu du grand engouement que suscite l’événement chez tous les peuples, il serait souhaitable de donner la possibilité à chaque continent d’élire à tour de rôle le Pape. Ce serait la manifestation de l’égalité des peuples dans une Eglise qui se veut universelle.
- Limiter à 80 ans l’âge maximum de la fonction papale afin de permettre au Pape en fonction de faire valoir ses droits à la retraite. On sait qu’au-delà de cet âge, l’on n’est plus maître de tous ses réflexes et l’on perd peu à peu la vigueur physique indispensable pour assumer sa charge.
- Adopter 50 ans comme âge minimum pour candidater à la fonction papale. L’élu bénéficierait alors d’un pontificat de 10 à 30 ans d’exercice.
- Donner aux prêtres la possibilité de se marier, ce qui résoudrait deux problèmes : le recul de la vocation à la prêtrise et les déviations sexuelles imputées aux clercs de l’Eglise catholique. Reconnaissons que les pasteurs de l’Eglise protestante, qui eux mènent une vie de ménage, ne sont pas moins efficaces que leurs homologues prêtres.
- Ordonner des prêtres femmes, ce qui confirmerait l’égalité des sexes dans l’Eglise.
Ce sont là quelques pistes de réflexion. Il faut cependant veiller à ne pas réformer pour réformer, il y a des limites à ne pas franchir. Par exemple, bénir le mariage homosexuel qui est lui-même une aberration.
Le Pape Léon XIV a déploré, dans l’une de ses premières déclaration, « le recul de la foi face à certaines certitudes comme la technologie, le pouvoir, l’argent, le plaisir. » Ceci m’emmène à m’interroger sur le poids réel de l’Eglise catholique dans la marche du monde. En dépit des dénonciations véhémentes qu’elle fait des injustices et des crimes qui agitent le monde, les politiques et les magnats de l’économie n’en font qu’à leur tête, les pauvres ne savent à quel saint se vouer. Il faut se résoudre à admettre que toutes les religions du monde sont défaillantes. De l’Antiquité à nos jours, la véritable autorité morale réside dans la pensée d’une frange de philosophes et écrivains dont les œuvres transcendent les siècles.
Alors se pose la sempiternelle question des fins dernières. Quel est le but de la vie sur terre ? Ce n’est certainement pas la quête d’une quelconque félicité céleste (paradis) ou la descente aux enfers pour les impétrants.
Dès lors que l’existence d’un être suprême (Dieu), créateur et ordonnateur de l’univers, n’est qu’une vue de l’esprit humain, esprit engourdi par des millénaires d’obscurantisme, l’homme ne peut que compter que sur lui-même, sa raison d’être et son avenir relèvent exclusivement de sa propre volonté.
Le système solaire, dit la science, s’est constitué il y a cinq milliards d’années, il va s’éteindre dans les cinq milliards d’années à venir. Sera-ce la fin du monde ou bien l’intelligence humaine aura-t-elle trouvé d’ici là un autre point de chute ? La réponse reste encore une inconnue.
Walaoulou BILIVOGUI