En compulsant la toute première feuille de route du Premier ministre de transition présentée le 27 décembre 2021, sur les cinq axes déclinés par celui-ci, le dernier relatif à la question essentielle des infrastructures et l’assainissement a retenu notre attention. Pour la simple raison qu’à notre entendement, le volet infrastructures devrait intégrer les chantiers à ouvrir, et ceux qui depuis belle lurette sont inachevés pour des raisons diverses. Avec les nouvelles autorités du pays, l’on a constaté au fil des jours, dans divers quartiers de la capitale et de l’intérieur du pays, la démolition de plusieurs bâtiments, ainsi que l’ouverture de nombreux chantiers. Si l’on considère que l’administration est une continuité, la question est de savoir pourquoi en quatre ans de transition, des chantiers entamés bien avant 2021 traînent encore ? Ces éternels chantiers méritent bien des explications pour rassurer l’opinion publique.
Pour donc rafraichir la mémoire, nous avons pris soin de citer certains chantiers qui méritent la bienveillante attention de nos décideurs. Il s’agit entre autres :
- Des abattoirs modernes de Dubréka : un projet initié du temps du ministre Mouctar Diallo, qui s’occupait du secteur de l’Elevage et de la Production animale, dans le gouvernement de transition de Jean Marie Doré (2010). Il serait judicieux pour le Vérificateur Général de lorgner de ce côté, afin de s’enquérir des raisons de l’arrêt de ce chantier, dont l’importance n’est plus à démontrer.
A noter qu’au plan de la santé alimentaire des consommateurs, les abattoirs de Coléah ont été délocalisés dans la zone de Kakimbo, qui à nos yeux ne présenterait pas de conditions prophylactiques et hygiéniques rassurantes. En plus, cet abattoir de fortune implanté dans une forêt classée contribue à la longue à dégrader l’environnement.
- La prison de haute sécurité de Dubréka : au regard de la surpopulation carcérale de la Maison d’arrêt de Conakry, le gouvernement avait envisagé en 2015, la construction d’une prison de haute sécurité à Dubréka avec toutes les commodités d’usage. Cet ambitieux projet était estimé à environ 200 milliards de francs guinéens pour une capacité d’accueil de 1500 prisonniers contre 300 pour la Maison d’arrêt de Coronthie, qui héberge de nos jours cinq fois plus. Prévu pour un délai contractuel de 15 mois, ce n’est que récemment les travaux du chantier ont repris. Le ministère de la Justice, maître d’ouvrage, devrait songer à accélérer la cadence.
S’il faut se réjouir enfin de la finition de la rénovation/extension de l’ex-ministère de la Jeunesse et de l’emploi des jeunes, un chantier lancé tambour battant en 2018, et qui abrite désormais le ministère de la Jeunesse et des sports, la situation de l’ex-Cité de la Paillote mérite d’être inscrite dans l’agenda des priorités du gouvernement. A la faveur de la vaste opération de récupération des domaines de l’État au mois de juin 2023, les logements des artistes et musiciens résidants dans le domaine de la Paillote ont subi le passage des bulldozers. Une opération qui a mis dans la rue des artistes, qui plus de quatre décennies ont rendu de bons et loyaux services à la nation. Au grand dam de ces artistes, comme la nature a horreur du vide, le domaine de la Paillote est occupé par des garages improvisés la journée, et la nuit devient le refuge des chiens et chats errants. Ce véritable temple de la musique guinéenne devrait donc être restauré au plus vite, pour offrir à nos artistes de toutes catégories un cadre idéal de promotion de la culture nationale.
Thierno Saïdou Diakité