En compulsant les pages d’histoire de certains pays de la sous-région, l’actualité aidant, l’on est tenté de s’attarder sur la situation du Ghana, de la Guinée et du Mali. Faut-il le rappeler, ces trois pays avaient fondé une Union en 1959-1960, qui fit long feu par la suite. De nos jours, avec des destins singuliers par le fait de trajectoires différentes et d’une gouvernance peu enviable, seul le Ghana parvient aujourd’hui à tirer son épingle du jeu. Après le coup d’Etat qui renversa le président Kwame Nkrumah en 1966, faut-il toutefois noter que le Ghana a connu une période de turbulences politiques, ponctuée de nombreux renversements.

Un certain redressement, tant politique qu’économique, s’effectue sous la gouverne d’un militaire, Jerry Rawlings, qui devient l’homme fort du pays au début des années 1980. C’est seulement le 28 décembre 2000, lors des élections présidentielles, que le nouveau président, John Kofi Agyekum Kufuor, sera élu au second tour, pour succéder à Jerry Rawlings.

Et depuis cette élection, le Ghana s’est positionné comme une école de démocratie en Afrique de l’Ouest. Son engagement envers le respect de la loi, la bonne gouvernance et la solidité de ses institutions démocratiques sont un exemple à suivre pour d’autres pays du continent.

A contrario, la Guinée et le Mali, les deux autres membres de la défunte Union des années 1960, s’écartent aujourd’hui de la trajectoire tracée par leurs pères fondateurs. Après un pouvoir civil dirigé par feu le président Ahmed Sékou Touré, de l’indépendance le 2 octobre 1958 à sa mort à Cleveland le 26 mars 1984, notre pays n’est malheureusement pas ce qu’il aurait dû être depuis des lustres. A l’instar du Mali voisin, nous vivons une transition militaire, qui nous le souhaitons sera la dernière, afin que notre pays sorte du club peu enviable des États en transition militaire.

Ce rappel historique, qui échappe à bien des observateurs, devrait pourtant fouetter notre orgueil national. Le Ghana, la Guinée et le Mali dans les premières années de l’indépendance, avaient suscité maints espoirs, déçus de nos jours pour ce qui concerne les deux derniers. Notre voisin malien traverse actuellement une phase très critique, en dépit des apparences trompeuses.

En effet, malgré un répit de quelques années avec un pouvoir civil dirigé successivement par Modibo Keïta, Alpha Oumar Konaré, Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubacar Keïta, les coups d’État militaires sont depuis légion. Avec des perspectives pas très rassurantes pour ce pays, où les dernières recommandations des assises nationales constituent une réelle menace pour la stabilité politique.

Au-delà de la menace de dissolution des partis politiques, il y a également celle visant toutes les associations à caractère politique, ainsi que l’élévation du chef du pouvoir militaire, le général Assimi Goïta, au rang de président de la République pour cinq années renouvelables. Assimi Goïta, au pouvoir depuis le putsch d’août 2020, n’a pas été élu et ne possède pas d’autre légitimité que celle d’un soutien populaire supposé, mis en avant par les putschistes, mais difficile à vérifier dans un pays où la répression impose un climat de peur permanente.

Thierno Saïdou Diakité