Kindia mérite son surnom de « Ville des agrumes ». Dans cette région à fort potentiel agricole, l’agriculture occupe une place centrale dans la vie économique et sociale. Les paysans rivalisent d’ardeur, pour valoriser la culture des fruits et légumes. Malheureusement, ils font face à moult difficultés : mauvais état des routes, cherté d’intrants agricoles, notamment. Toute chose qui complique le transport des produits agricoles vers les zones urbaines.

Que ce soit Friguiagbé, Yenguélia, Kondéyah ou encore Samaya, pour ne citer que ces localités, pendant cette période, les agriculteurs sont dans les champs, d’autres récoltent. Marthe Béavogui, pharmacienne, consciente que l’agriculture est rentable, a décidé de la pratiquer parallèlement à sa profession. Avec peu de moyens, elle cultive de l’ananas dans un demi-hectare, dans un village de la sous-préfecture de Friguiagbé. L’âge avancé certes, Dame Béavogui supervise les travaux pendant que des jeunes appliquaient l’herbicide dans son champ. « Nous avons commencé par aménager le terrain. Ensuite nous avons planté les rejets d’ananas. Après 45 jours, nous avons mis une première dose d’engrais. Généralement, nous faisons un mélange. Sur la première couche, nous mettons l’urée dosée à 46%, après nous mettons l’urée mélangée au NPK. L’urée est  appliqué pour permettre au plant de pousser, le NPK permet au plant de grandir », explique la pharmacienne non sans avoir raconté les hics auxquels elle fait face. Selon elle, la culture d’ananas est mieux près d’un cours d’eau.  Or, le cours d’eau qui se trouve à côté de son champ tari très vite. Autres difficultés, raconte l’agricultrice, c’est la cherté des intrants agricoles. « Quand j’achète un sac d’urée à 315 000 francs guinéens, l’urée de Bamako coûte 360 000 voire 380 000 fg. Le NPK coûte 360 000 fg le sac. Donc, si tu n’as pas un revenu, c’est très difficile. Le cycle de l’ananas est très long, de la culture jusqu’à l’hormonale, c’est presque 12 mois, si c’est les gros plants, quand ce sont les petits, la période est de 8 mois. A chaque mois, il faut mettre de l’engrais. Donc, quand on évalue cela, c’est difficile de recouvrer ce qu’on a investi. Ce qui peut nous aider un peu, ce sont les rejets que nous récoltons et revendons à d’autres pour les planter ailleurs ».

Marthe Béavogui sollicite de l’aide de l’Etat en faveur des agriculteurs, en leur procurant des intrants moins chers. « Beaucoup de paysans cultivaient l’ananas, mais à cause du prix des intrants et le cycle long, nombreux sont ceux qui ont abandonné. Parce que s’il faut attendre six mois, pour faire une récolte, si c’est cela qui te fait vivre, c’est difficile ».

Samaya, grenier agricole

En plus d’être un lieu touristique paradisiaque, Samaya est aussi une terre agricole par excellence. De nombreux produits agricoles proviennent de cette localité, entourée d’une chaîne, bordée du lac. On trouve fruits et légumes, presqu’en toute saison. Dans les 40 villages et plus de l’autre rive du lac, les paysans cultivent du riz, de l’aubergine, du manioc, du piment, de la banane, des avocats, de la papaye, des oranges, de la mangue et on en oubli.  Walia est l’un de ces villages de l’autre rive du lac. En ce mois de juin, c’est la période de culture de riz. Abdoulaye Camara, agriculteur, avec deux membres de sa famille, daba en main, cultive pour la nourriture familiale. Il ne pourra pas cultiver toute l’étendue de terre qu’il détient. La culture étant rudimentaire. Comme Marthe Béavogui de Friguiagbé, Abdoulaye se plaint aussi de la cherté des intrants agricoles mais aussi de la difficulté de transporter ses produits agricoles vers la ville.

C’est via les pirogues d’un autre âge que les habitants des villages transportent leurs légumes et fruits. Au port de Samaya, des hommes et femmes les attendent, avec des camions et des minibus, pour acheter les produits. Seulement voilà, la route de Samaya est rocailleuse, glissante, difficile à emprunter. Elle provoque régulièrement des pannes des véhicules. « Nous demandons que l’Etat nous aide à avoir une bonne route », répétaient agriculteurs et commerçants interrogés.

Inutile d’écrire qu’avec ces nombreuses difficultés, l’autosuffisance alimentaire tant prônée par les autorités est loin d’être une réalité en Guinée.

Mamadou Adama Diallo, envoyé spécial