Wallahi, mes amis, la Guinée en cette année 2025, c’est plus un pays, c’est un vaste festival de courbettes et de grigris ! Peu importe ton grade, ton rang, ton diplôme : il faut danser. Pour le plaisir ? Non. Pour faire plaisir au chef. Même si tes jambes crient à la retraite anticipée, elles doivent bouger. C’est ça la nouvelle « refondation institutionnelle »: une refondation des hanches, une rectification des pas de danse ! À Fakoudou !

Prenez la grande Mamaya de Kankan : ce n’est plus une ville, c’est devenu le lieu de pèlerinage artistique de la sous-région, désormais inscrit au patrimoine national du show-off. Minus-tres, directeurs et responsables de « ceci et de cela » se ruent là-bas, comme si le véritable travail, c’était de montrer ses pas de danse. Conakry, la capitale, s’est vidée ; chacun suit le sillage de la Mamaya. Courtiers, courtisanes, prétendants et même les prostituées (qui, elles, ont vite compris où était le vrai marché), Kankan a accueilli la fête faite aux moutons. La confusion est générale, wallahi !

On a même surpris un très gradé Général, le même qui nous promettait d’éviter les erreurs du passé, se trémoussant sur la piste comme un derviche tourneur. Et bien sûr, on nous assure que s’il danse bien, on votera pour lui. À Fakoudou ! Parce qu’aujourd’hui, la démocratie est devenue une chorégraphie.

Ô souvenirs de Sékou Tyran, qui nous faisait danser pendant que les autres bossaient ! C’est comme cette fable de la cigale et de la fourmi : on célèbre la liberté… dans la pauvreté. Cette pauvreté qui est devenue notre seule alliée, notre fidèle compagne. Wallahi, il faut être vraiment Guinéen pour croire à la liberté sans un sou en poche, c’est un concept philosophique que seul un marabout de Kouroussa pourrait expliquer ! Hé Kéla !

Wallahi, mes amis, l’autre jour, j’ai eu une révélation. Pas une apparition divine, non, juste un simple chat. Un chat tigré, du genre qui traîne derrière les gargotes de Madina, l’œil vif et le ventre rarement plein. Il était là, sous le soleil implacable de Conakry, et il s’est mis à danser. Non pas à sauter, ou à se rouler par terre comme nos politiciens en campagne, mais à danser.

Avec une agilité qui ferait rougir de honte n’importe quel minustre lors de la Mamaya de Kankan, il a esquissé des pas. Une patte en avant, l’autre en arrière, une pirouette sur place, puis un déhanché félin d’une grâce insolente. Il slalomait entre les ordures, évitait une flaque d’eau avec une souplesse déconcertante, et le tout, avec une dignité que je n’ai vue que chez les vieux sages du Foutah. Ce n’était pas pour la caméra, pas pour les applaudissements, juste pour le plaisir, ou peut-être pour chasser une mouche avec un art consommé.

Et là, j’ai pensé à nos officiels. Ceux qui se trémoussent maladroitement lors des « prestations de serment » publiques, ceux qui se forcent à sourire et à agiter les bras comme des perroquets arthritiques. On leur demande de danser pour montrer leur « popularité », leur « connexion au peuple », mais wallahi, leur seul pas de danse maîtrisé, c’est celui qui les mène directement vers les caisses de l’État.

Le chat, lui, n’avait pas besoin de décret pour bouger. Il n’attendait pas une enveloppe pour faire son show. Sa danse était pure, sans arrière-pensée, sans détournement. Alors que la chorégraphie de nos dirigeants semble toujours avoir un prix caché, une rallonge budgétaire, ou un compte en banque offshore.

Je vous le dis, le jour où nos minustres danseront avec la même authenticité, la même agilité et la même absence de motivation cachée que ce chat de Madina, ce jour-là, wallahi, la Guinée sera sur la bonne voie. En attendant, je continue d’applaudir le chat. Lui au moins, il est honnête dans ses pas. À Fakoudou !

Alors que nos généraux s’éclatent en public, le peuple guinéen, lui, continue de rêver d’un jour où danser signifiera libération, pas obligation. On voulait la liberté ? On l’a eue… sur fond de congés royaux, de danses ministérielles et de votes dirigés. Mais entre deux rires et quelques pas maladroits, on nous rappelle combien la réalité est lourde : la misère continue de marcher à nos pieds, le pouvoir édicté par la crosse continue, et Kankan s’impose comme la capitale mondiale du spectacle de danse d’État. À toi d’y croire. Ou pas. Hé Kéla !

Et si on jetait un œil sur notre chère CRIEF, cette cour anti-corruption dont on parle plus qu’on ne la voit agir ? Ses dossiers, wallahi, c’est un vrai défilé de modes ! Les détournements sous le CNRD, eux, prennent les escaliers, un pas après l’autre, avec des enquêtes qui s’étirent comme une longue journée de carême. Mais les dossiers de l’ère Alpha Grimpeur ? Ah, ceux-là, mes amis, ils prennent l’ascenseur, express, avec une vitesse qui vous donne le tournis ! Qui est fou dans cette histoire ? Celui qui détourne en plein jour, celui qui enquête au ralenti, ou nous qui regardons ce spectacle comme un film d’horreur sans fin ? On dénonce le vol, mais on applaudit le voleur. C’est ça la Guinée, mes amis. Une terre de paradoxes, où l’absurdité est une religion et la dérision, notre seule survie. À Fakoudou !

Sambégou Diallo

Billet

Un chat m’a conté

Avec Mamadi, pas de mamad

Avec Cellou, pas de cellote

Avec Kouyaté, pas de kou

Avec Sidya, pas de sida

Comme quoi, le destin est un farceur anonyme.

SD