Au lendemain du 5 septembre 2021, date du coup d’État en Guinée, plusieurs scènes de joie ont éclaté à Conakry et dans certaines villes de la Guinée. Tous voyaient en Mamadi Doumbouya le sauveur de la République. Le messie qui s’est d’ores et déjà inscrit dans une dynamique de totale rupture avec le Président Alpha Condé selon son premier discours.

Qu’en est-il de la situation du pays aujourd’hui ?

Sur le site de la Banque mondiale, nous pouvons lire ceci « L’inflation devrait baisser pour atteindre une moyenne de 7 % en 2025-2027 et la croissance du PIB devrait atteindre 6,2% en 2025 et 10,1% en moyenne en 2026-2027, principalement grâce au secteur minier, notamment en raison du démarrage d’une nouvelle exploitation de minerai de fer en 2026 ».

Il est évident que ce sont plutôt de belles perspectives. Mais en réalité, que signifient tous ces chiffres pour le Guinéen ? Et jusqu’où ces chiffres définissent-ils l’avenir de la Guinée ? Est-ce que ces chiffres signifient que les conditions de vie seront améliorées en 2025 ?  Ces chiffres sont très flous pour beaucoup de Guinéens censés ne pas comprendre  forcément ce que cela leur apporte concrètement. Ces données économiques restent intimement liées à la situation politique.

Un phénomène est apparu récemment en Guinée que les Guinéens n’ont pas coutume de voir lors de cette transition. Les arrestations arbitraires, les disparitions, la réduction des libertés d’expression, la fermeture de certains médias. Les gouvernements précédents n’ont jamais poussé le bouchon aussi loin. Deux activistes, Foniké et Billo, sont portés disparus et personne aujourd’hui à Conakry ne peut vous informer sur leur détention. Le gouvernement nie toute implication. D’autres personnes qui se prêtent aux critiques à l’encontre du gouvernement subissent le même sort. Ces personnes sont réduites au silence. Certains sont contraints de quitter le pays pour fuir ces abus de pouvoir. Tout porte à croire que le Général ne veut plus de contre-pouvoir, or les premières déclarations après son de coup de force étaient plutôt tournées vers le dialogue et la réconciliation. Aujourd’hui, il s’engage dans une voie de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle. Le « Doumbou-rendum » pour faire allusion à son référendum pour adopter la constitution lui confère tout le pouvoir et l’autorise à être président et certainement sans fin.

Les mouvements de soutien sont devenus un moyen pour gagner de l’argent et légaliser la corruption. Ces mouvements sont soutenus et parrainés par les ministres propagandistes. Pourtant, on clame combattre la corruption. Ces mouvements de soutien s’étendent désormais en dehors du pays.

En mai 2025, une fête de soutien à l’élection de Mamadi a été organisée en Belgique en présence des proches de celui-ci et des membres du corps diplomatique guinéen venus du Luxembourg, de la Hollande, et d’autres pays européens.

Des dizaines de milliers d’euros ont été distribués dans le seul but de faire de la propagande et faire passer le projet de Mamadi. Dans un petit entretien accordé à un de ses distributeurs de billets, celui-ci m’a laissé croire qu’ils sont prêts à tout pour faire passer ce projet, quel que soit le prix.

On nous clame que 2025 sera l’année du retour de l’ordre constitutionnel et de l’élection mais on ne nous annonce pas le calendrier avec ou sans le Général.

En attendant la tenue de ces élections plusieurs voix, médias sont contraints de s’abstenir de toute critique au risque de se voir infliger le sort de ceux disparus.

Par Mandjou Kouyaté