L’Union des forces démocratiques de Guinée, le parti dirigé par Cellou Dalein Diallo, s’achemine vers l’organisation d’un congrès national le 6 juillet prochain. Pour empêcher Ousmane Gaoual Diallo d’y concourir, la direction de l’UFDG a discrètement relevé appel depuis le 28 mai contre la réintégration (cinq jours plus tôt) de ce dernier par le tribunal de première instance de Dixinn. Dans cet entretien à notre rédaction, le coordinateur de la Cellule de communication Souleymane Souza Konaté explique, entre autres, comment se prépare l’échéance et si oui ou non Cellou Dalein Diallo sera candidat et présent à Conakry.
La Lance: L’UFDG annonce son congrès pour le 6 juillet. Est-ce que cette date est maintenue ? Si oui, à quel niveau en êtes-vous au niveau des préparatifs ?
Souleymane Souza Konaté: Bien sûr que la date du 6 juillet est maintenue pour la tenue de notre congrès national. Aujourd’hui (11 juin, ndlr), nous sortons de deux réunions. D’abord le Conseil politique avec les différents présidents de commissions qui ont été constituées pour les préparatifs du congrès. Et je sors d’une réunion également avec les communicants du parti. Ils ont reçu les éléments de langage. Et aujourd’hui, toutes les commissions sont à pied d’oeuvre pour la réussite de notre congrès.
Quelles sont ces commissions mises en place ?
La Commission organisation, celles communication, santé, investiture, statuts et règlement intérieur. Aujourd’hui, nous avons eu notre troisième réunion au niveau de l’intercommission. Tout est en train de se faire correctement, tel que prévu par la Direction nationale du parti.
Qu’est-ce qui est prévu à l’occasion du congrès ?
C’est d’abord valider les textes du parti, parce que ceux en vigueur datent de 2009. Il y a beaucoup de choses qui ont été corrigées à l’intérieur. Cela sera proposé aux différents congrésistes pour que les textes soient améliorés.
Et ensuite, il y a l’organisation des élections bien entendu pour changer les organes dirigeants du parti. Donc ce sont les deux activités phares du congrès du 6 juillet.
Récemment, on avait vu une proposition de révision tendant à renforcer les pouvoirs du président. Le document avait suscité beaucoup de réactions. Ce projet de textes tient-il toujours ?
Je dis qu’il n’y a eu que trois réunions depuis que les commissions ont été constituées. J’ignore de quels textes vous parlez. Mais en tout cas, il y a eu encore deux textes proposés par la Commission chargée des statuts et règlement intérieur. La prochaine réunion est prévue le mercredi prochain [18 juin]. Ils vont nous soumettre un texte dont j’ai connaissance.
Mais s’il y a un autre texte qui se retrouve au niveau de la presse, n’en ai pas connaissance et je ne peux pas le commenter.
Certains disent que seul le poste de président fera l’objet de vote, que répondez-vous ?
Je vous disais tout à l’heure qu’il y a une Commission qui est en train de travailler sur les statuts et règlement intérieur. Après le travail, ils vont nous dire si tous les postes vont être soumis au vote. Pour le moment, je ne peux rien vous dire puisque la Commission n’a pas encore rendu le document.
Sinon, si c’est les anciens textes du parti qui s’appliquent, naturellement tous les postes vont être soumis au vote pour choisir les représentants du parti. Mais ce qui est évident, le poste du président, il sera mis en jeu. Il y a des potentielles candidatures. Pour le moment, ça va, tout se passe dans les meilleures conditions. La commission investiture continue d’enregistrer les gens. Au moment venu, on saura qui est candidat pour le poste du président.
Récemment, vous avez fait un communiqué qui annonçait le début de réception des candidatures. Est-ce que des gens se sont manifestés ?
Bien sûr ! Sur les 350 membres du bureau exécutif sortant, il y a 200 déjà qui sont passés pour renouveler leurs candidatures par rapport au congrès prévu le 6 juillet. Le reste, on est en train de faire le travail. Au moment venu, on va décanter pour savoir quels sont ceux qui ont déserté, ceux qui sont décédés et ceux qui restent encore avec nous. Parce qu’en vérité, sur les 350 membres, ce n’est pas tout le monde qui vient. Or, les statuts du parti sont très clairs: lorsque vous faites trois ans sans venir au siège du parti, sans participer aux activités du parti, vous vous auto-excluez naturellement. Donc aujourd’hui, ce travail technique est en train d’être fait par le vice-président chargé des Affaires politiques, M. Bano Sow. On attend le mercredi prochain [18 juin] pour être suffisamment situé sur les questions de fond.
Est-ce qu’il y a déjà de candidat au poste de président ?
A ce stade, aucune candidature n’est annoncée, même si on apprend ça et là que certains veulent déposer leurs candidatures. Mais ça, ça reste encore au stade des rumeurs. La commission investiture n’a pas encore reçu une candidature, pas même celle d’El Hadj Cellou Dalein Diallo.
Pour le poste de président, est-ce que déjà il y a des critères pour pour candidater ?
Bien sûr qu’il y a des critères. Premièrement, c’est d’être de nationalité guinéenne; avoir 35 ans ou plus et ensuite disposer de toutes ses facultés mentales. Aujourd’hui, comme je l’ai dit tout à l’heure, la Commission qui travaille sur les statuts est en train de faire un toilettage des textes du parti. Le moment venu, on sera en mesure de vous dire quels sont les critères. Naturellement, il faut être membre du parti, c’est l’une des conditions essentielles d’ailleurs. Si vous n’êtes pas membre, vous ne pouvez pas postuler.
Cela m’amène à vous demander est-ce que M. Ousmane Gaoual Diallo, réintégré au sein du parti par la justice, pourrait briguer la présidence de l’UFDG s’il le désire ?
Ousmane, c’est avec peine que nous continuons de parler de lui. Pour nous, il n’appartient plus à notre formation politique. Il fait partie de notre passé. Appartenir à une formation politique, c’est d’abord partager les mêmes visions, avoir les mêmes objectifs et s’engager à respecter les statuts, le règlement intérieur, les dirigeants du parti. Aujourd’hui, M. Ousmane Gaoual Diallo s’est inscrit dans la dynamique de la confiscation du pouvoir. Il a dit haut et fort qu’il soutient la candidature de Mamadi Doumbouya. Ce qui est une violation grave non seulement des différentes lois supranationales que notre pays a ratifiées, mais aussi de la Charte de la transition que la junte a élaborée librement et imposée au peuple de Guinée, notamment les articles 46, 55 et 65. Aujourd’hui, il dit que sa vocation, c’est d’accompagner le CNRD. Nous, notre vocation à l’UFDG, c’est la conquête et l’exercice du pouvoir politique.
A partir de ce moment-là, vous conviendrez avec moi qu’on n’a plus les mêmes objectifs, qu’on n’a plus les mêmes visions. Mieux que ça, la justice a demandé deux choses à l’UFDG: son intégration et l’organisation de notre congrès. Ce que je vous donne comme information, puisque c’est la première fois qu’on se prononce là-dessus, nous avons interjecté appel partiellement pour le cas de son intégration et nous continuons à travailler dans le sens de l’organisation de notre congrès national qui aura lieu le 6 juillet prochain.
Et de ce fait, voulez-vous dire qu’il n’est pas aujourd’hui éligible à la présidence de l’UFDG ?
Il n’est ni éligible ni électeur.
Quid des autres cadres du parti accusés de rapprochement avec le pouvoir ?
C’est Ousmane qui a été exclu du parti. Les autres ont été simplement démis de leurs fonctions ou suspendus. Donc, nous travaillons tranquillement, sereinement dans le sens de l’organisation de notre congrès. Tous ces gens-là font partie de notre passé. C’est pourquoi je vous ai dit tout à l’heure qu’il y a la Commission d’organisation et d’investiture qui continue de recevoir les anciens membres du bureau exécutif pour renouveler leur candidature. Cela nous permettra de faire la situation, pour savoir qui est là et qui n’est pas là. A date, je peux vous confirmer qu’Ousmane Gaoual n’est ni électeur ni éligible au congrès de l’UFDG.
Nous travaillons pour que ce congrès-là soit le meilleur congrès jamais organisé dans notre pays. Contrairement à d’autres formations politiques, l’UFDG a commencé ses renouvellements dans les comités de base. Ensuite, on est venus au niveau des sections, des fédérations. Aujourd’hui, c’est le congrès national. Cela veut dire que nous respectons nos statuts et nous continuons à faire de notre institution politique la première au niveau de notre pays et une des meilleures au niveau de l’Afrique au sud du Sahara.
Vous parlez du congrès du 6, cela veut-il dire qu’il se déroulera en un seul jour ? Où va-t-il se tenir ? Vous disiez que le président du parti serait présent, en êtes-vous sûr ?
Le congrès aura lieu en un seul jour, le 6 juillet. Il va commencer à 8h et prendre fin à 17h. Nous sommes en train de travailler pour que tout se passe dans les meilleures conditions.
Dans tous les discours officiels de l’UFDG, nous avons toujours dit que le retour de notre patron reste subordonné à la finalisation de notre processus de renouvellement et de validation de nos structures. Aujourd’hui, l’option retenue sur la table est bien sûr le retour de notre patron pour présider le congrès. Même si du point de vue des statuts de notre parti, sa présence n’est pas obligatoire. Mais pour le moment, l’option sur la table, c’est de faire en sorte qu’à partir du 4 et 5 juillet, on puisse réserver un accueil triomphal à notre leader pour lui permettre de prendre part aux activités du congrès, de mettre le parti en ordre de bataille. Parce que notre objectif, c’est de gagner les prochaines élections dès le premier tour et faire en sorte que le prochain président de la République de Guinée à l’issue de cette transition soit bien entendu Cellou Dalein Diallo.
Sa présence est souhaitée ou confirmée ?
Pour le moment, l’option sur la table, c’est son retour. Aucune décision n’a été prise. On va évaluer au fur et à mesure parce qu’aujourd’hui, il est en train d’abattre un travail remarquable à l’international dans le cadre de la mobilisation de nos militants, de nos sympathisants, les bailleurs qui accompagnent notre institution politique, les patronnats bi et multilatéraux de notre pays. Parce qu’il faut un travail de lobbying de ce côté-là également pour continuer à mettre la pression sur la junte militaire au pouvoir en Guinée. Il fait bien d’ailleurs ce travail-là parce que toutes les activités organisées aujourd’hui à l’international, il est invité en tant qu’expert, en tant que personnalité importante, pour donner son avis. Et je crois que cela est en train de nous aider d’une certaine manière. Donc, nous travaillons sereinement pour que son retour soit effectif. Mais après, on évaluera au fur et à mesure si sa présence est nécessaire. Comme je l’ai dit, du point de vue statuts, ce n’est pas obligatoire qu’il soit là. Mais l’option pour le moment sur la table, c’est de faire en sorte qu’il rentre et présente les activités de notre programme.
Néanmoins, sera-t-il candidat à sa propre succession ?
Je ne peux rien vous dire.
Vous l’avez récemment rencontré…
Je suis tous les jours en contact avec mon patron. Mais pour le moment, je ne sais pas s’il va être candidat ou pas.
Souhaitez-vous sa candidature ?
Bien sûr. Aujourd’hui, c’est l’alternative crédible pour sortir la Guinée de cette situation de précarité économique et sociale. La Guinée est totalement à l’arrêt: crise de liquidité, chômage galopant… La jeunesse vit dans une précarité économique et sociale indescriptible.
Il peut ne pas être candidat à la présidence du parti et briguer la présidence du pays.
Pour le moment, il faut donner ce libre choix aux militants et sympathisants de notre formation politique. Ils ont cette souveraineté-là de décider de qui va être président de leur parti ou pas. Pour le moment, il bénéficie de leur confiance et de leur adhésion. On verra à partir du 6 juillet si cela a changé ou pas. Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, pour la majorité des Guinéens, il est l’alternative pour sortir notre pays de cette situation de précarité économique et sociale. Aujourd’hui, la pauvreté, la chèreté de vie, ça va dans tous les sens. Au moment où je vous parle, 35 000 de nos compatriotes jeunes ont quitté le pays pour aller en Occident à la recherche du bonheur, qu’ils n’ont plus dans leur pays. Parce que manifester en Guinée est égal à mourir.
La justice est devenue un outil de répression au service de l’Exécutif, pour faire taire toutes les voix discordantes. Les kidnappings sont devenus la norme sous le CNRD. Au moment où je vous parle, la Guinée est le premier pays demandeur d’asile en France. Plus de 10 300 dossiers, devant les pays en guerre ! Ce qui est inacceptable quand on sait le nombre de ressources dont dispose notre pays. Aux Etats-Unis, il y a 1857 de nos compatriotes menacés aujourd’hui d’expulsion par les nouvelles autorités. Alors que la Guinée dispose de tout. Avec une gouvernance basée sur le mérite et la compétence, on aurait pu vraiment aider notre pays à sortir de cette situation.
Interview réalisée par
Diawo Labboyah Barry