Dans une déclaration du 23 juin, le procureur général près la Cour d’appel de Conakry s’est dit consterné suite aux violences infligées à l’avocat Me Mohamed Traoré, kidnappé 48h plutôt, torturé avant d’être relâché. Mais l’invitation de Fallou Doumbouya à une « réunion restreinte » avec le conseil de l’ordre des avocats, en grève de deux semaines, ne trouve pas de répondant

Le kidnapping de Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier et ex-membre du CNT, porte « atteinte à la dignité humaine et à la sécurité des avocats, ce qui suscite une réaction légitime au sein de la communauté judiciaire », reconnaît le procureur général près la Cour d’appel de Conakry. Pour protester contre l’enlèvement de l’un des leurs, le barreau de Guinée a, à l’issue de son Assemblée générale extraordinaire du 23 juin, décidé de boycotter les audiences dans les différentes cours et tribunaux du pays durant deux semaines. Le conseil de l’ordre, qui souhaitait rencontrer dans la foulée le ministre de la Justice, Yaya Kaïraba Kaba et Fallou Doumbouya, a trouvé porte close. 

L’exigence du barreau

Mais dans sa déclaration diffusée quelques heures plus tard, le parquet général a dû se raviser. Il « souligne l’importance du dialogue entre les institutions judiciaires et le barreau tout en précisant toutefois pour des raisons évidentes de décorum judiciaire, le Parquet Général n’est pas en mesure de recevoir simultanément tous les avocats dans son bureau en raison de leur nombre. Cependant, il est ouvert à rencontrer une délégation restreinte du conseil de l’ordre. »

Alors le barreau participera-t-il à ladite réunion restreinte avec le parquet général ? « Le communiqué est adressé au public, pas à nous. Quand vous voulez rencontrer quelqu’un, vous lui écrivez directement », répond le bâtonnier par intérim, Me Faya Gabriel Kamano. 

« On n’ira pas. S’il veut nous voir, il viendra au barreau », martèle plus sèchement un avocat. « Pour l’instant, ce n’est pas envisagé. Il a été dit hier [lundi 23 juin] d’attendre après les deux semaines de grève, pour réévaluer la situation et prendre une décision. On a tout fait pour le voir, en vain. Dire après qu’il nous invite, ça n’a pas de sens », renchérit un autre.

DL