Le 12 juin à Conakry, Ibrahima Sory 2 Tounkara a été élu président de l’Association des magistrats de Guinée (AMG). Il a exhorté ses collègues à préserver le caractère sacré de la profession, de se départir des calculs personnels, des querelles de chapelle ou des dérives partisanes. Ci-dessus son discours.
Nous le disons avec gravité: un magistrat qui renonce à l’éthique affaiblit toute la justice.
Nous vous adressons, en ce moment empreint de solennité et d’espoir, notre profonde reconnaissance pour la confiance que vous venez de placer en nos modestes personnes, en nous élisant à la présidence du Conseil d’Administration de notre Association.
Nous mesurons pleinement l’importance de cette mission, dans un contexte où notre association traverse une phase difficile, marquée par des incompréhensions et parfois des comportements qui heurtent les exigences fondamentales de notre noble fonction.
Nous tenons aussi à adresser nos plus sincères félicitations à l’ensemble des membres du conseil d’administration sortant et plus particulièrement à son président pour le travail remarquable accompli durant leur mandature et nous espérons pouvoir bénéficier de leur expérience, de leurs conseils et de leur soutien bienveillant dans cette nouvelle étape de la vie de notre association
Mais, nous voudrions que nous saisissions ensemble cette occasion, non pas comme un aboutissement, mais comme un renouveau, une opportunité collective de réaffirmer notre engagement commun celui de faire vivre et rayonner l’éthique, la dignité et la solidarité dans la magistrature guinéenne.
L’Association des Magistrats de Guinée n’est pas une tribune de clans. Elle est, par essence, une structure d’unité professionnelle, de réflexion, de veille déontologique et de défense des intérêts de la magistrature. Nous devons en préserver le caractère sacré, loin des calculs personnels, des querelles de chapelle ou des dérives partisanes.
Nous le disons avec gravité: un magistrat qui renonce à l’éthique affaiblit toute la justice.
Un magistrat qui agit sans loyauté compromet l’indépendance qu’il réclame. Un magistrat qui divise qui divise trahit le serment qu’il a prêté.
Aujourd’hui, en ma qualité de président élu, je tends la main à tous, sans exclusion, pour reconstruire ensemble l’unité de notre association. Nous vous proposons de faire front autour d’un triptyque de valeurs qui doivent guider notre action:
1. Intégrité: Que notre comportement en tant que magistrats soit à l’image des décisions que nous rendons rigoureux, impartial, digne.
2. Collégialité: Que nos divergences s’expriment dans le respect, et que nos convergences se construisent dans l’écoute mutuelle.
3. Exemplarité: Que nous soyons, individuellement et collectivement, des modèles pour la société que nous servons.
Nous nous engageons, dans l’exercice de mes fonctions, à ouvrir un cadre de dialogue permanent, démocratique et inclusif, où chacun aura la possibilité de s’exprimer, de proposer, de construire.
Nous nous engageons à renforcer les mécanismes internes de veille déontologique au sein de notre Association, sans esprit de chasse aux sorcières, mais avec la ferme volonté de faire respecter nos principes.
Nous nous engageons enfin à promouvoir des actions de formation, de solidarité et de coopération, afin que chaque magistrat, quel que soit son rang, se sente protégé, valorisé et entendu.
Mes chers collègues,
Notre responsabilité morale et professionnelle nous impose aujourd’hui de sortir des logiques d’affrontement pour entrer résolument dans une culture d’unité, de respect mutuel et de dépassement de soi.
Car ce n’est que dans l’union et dans l’exemplarité que nous pourrons redonner toute sa crédibilité à notre association et, au-delà, à la justice guinéenne.
Nous vous appelons donc à l’apaisement, à la responsabilité, à l’engagement collectif.
Restons-unis.
Restons-dignes.
Restons- magistrats.