Revenons sur la sanction infligée au journaliste Lamine Guirassy, non « pour juger la chose jugée, » mais pour nous poser les inévitables questions que la punition  infligée au fondateur de Hadafo Médias laisse au travers de la gorge de plus d’un homme du métier. Le temps a dû suspendre son vol pour que le crime et la sanction suprême tombent le même jour, mercredi 11 juin 2025.

Sur son compte X, ancien Twitter, Lamine Guirassy alerte : « Séisme à Conakry :  Un tremblement de terre de magnitude 7 vient de frapper la zone de Petit Simbaya à Conakry à l’instant T. » Il prodigue des conseils de prudence : restez à l’abri, sous une table solide ou contre un mur porteur pendant les secousses; éloignez-vous des fenêtres et objets qui pourraient tomber; après la secousse, sortez prudemment et vérifiez s’il y a des blessés ou des dégâts autour de vous; n’utilisez pas les ascenseurs; suivez les instructions des autorités locales et de la protection civile; merci de ne pas relayer de fausses informations et de rester à l’écoute des communiqués officiels.

Le calme apparent de Guirassy contraste avec tout ce qui bouge en Guinée, à cet instant T. Son alerte s’est carrément muée en un séisme hors du commun. Surgissent les questions les plus idiotes. A commencer par les circonstances dans lesquelles Lamine Guirassy a tout troublé en Guinée, de l’ordre public aux donneurs d’ordre, des esprits lucides aux fous-guéris, du bon sens aux plus troublantes des incertitudes. Le patron de Hadafo a-t-il perdu le sens des maux ? Depuis quand magnitude rime-t-il avec magnanime ? Il n’est pas sage de conseiller aux braves populations de Petit Simbaya, victimes d’un séisme de magnitude 7 sur l’échelle de Richter, d’éviter les ascenseurs ou de se coller aux murs porteurs. Certes, en juin 2025, Lamine ne fait pas son jogging matinal dans le secteur, mais sûr qu’il sait qu’en cas de séisme de cette magnitude à Petit Simbaya, il y a plus de marchands ambulants à sauver que d’ascenseurs à éviter. Malheureusement, nul, pas même la HAC, n’a prêté attention à la magnitude 7. Guirassy était-il saint d’esprit assez pour s’approprier ce chiffre ? En décembre 1983, il était certainement trop jeune pour savoir que le séisme de Koumbia, à Gaoual, tournait autour de 6,3. Il dirigeait Hadafo quand, le 8 septembre 2023, la terre a tremblé au Maroc avec les dégâts que l’on sait, et la magnitude de 6,8. La Turquie bat le record, le 6 février de la même année, avec des magnitudes de 7,8 et 7,9.

Peut-être que la phobie des séismes a exacerbé nos émotions, dirait un certain Jacob, « l’État ne doit pas réparer le crime par l’injustice. » Aujourd’hui, Guirassy est suspendu de sa profession de journaliste pour des raisons que le profane peut ne pas comprendre. La littérature de la HAC en la matière ne permet guère aux abrutis que nous sommes de s’en tirer à bon compte. Les lois de référence, notamment la 02/2010 et la 010/2020, ont dû saisir l’occasion pour montrer leur insuffisance, voire leur caducité. La Haute Autorité de la Communication a pris un tweet pour un article de presse. C’est tout dire. « La psychose inutile que cette rumeur a provoquée » n’aura été qu’un feu de paille. Pourquoi Diable, Lamine Guirassy n’a pas complété « les vérifications faites par la HAC auprès des services spécialisés compétents qui ont démenti l’information ? »  D’où peut venir la manipulation ? Sait-on jamais.

Diallo Souleymane