La région de Kindia est une zone touristique par excellence. Parmi ses nombreux sites, le Lac de Samaya, à plus de 40 kilomètres au sud-ouest du centre urbain de la ville des agrumes. Un lac artificiel par accident, né de la construction du barrage hydroélectrique de Donkéa, au début des années 1970. L’infrastructure a modifié le paysage, transformant la rivière en un lac constituant aujourd’hui un important réservoir d’eau.
Certes, des touristes fréquentent le Lac de Samaya, site paradisiaque, malheureusement non valorisé. Il se trouve encore à un stade informel. Des jeunes de Samaya se sont érigés en guides touristiques essayant, tant bien que mal, faire fréquenter les lieux aux visiteurs. Mais le site manque totalement d’équipements dignes pour accueillir ses visiteurs.

Au lendemain de la fête de Tabaski le 8 juin, nous y avons fait un saut. A 10h 40, nous quittons la ville de Kindia, direction, centre universitaire de Foulaya, sur la route nationale N°1, côté sud-ouest. De là, nous roulons sur une piste poussiéreuse. Un véritable parcours du combattant qui nous conduit à Yenguéliya, Kondéya et Komoya. A 12h, nous voilà dans le village de Samaya. C’est le jour du marché. Des tabliers et étalagistes exposaient leurs marchandises. Des clients affluaient. Mais des villageois ignorent le nom « lac ». Ils le confondent pour la rivière d’antan. Le marché de Samaya est à quelques 500 mètres du lac. Un jeune interrogé où se trouve-t-il, répond : « Vous parlez du port ? Allez-y, c’est non loin d’ici, de ce côté », indiquant le sud du marché. Au bord du lac, règne une ambiance bon-enfant. Pourtant, point de touristes. Ce sont plutôt des hommes et des femmes venus acheter des légumes et des fruits. Puisque les villages se trouvant à l’autre rive du lac, sont de véritables greniers où l’on cultive aubergine, piment, tomate, banane, ananas, avocats, etc. Ces légumes et fruits sont transportés par des pirogues pour Samaya-centre. A part la beauté du lac et la nature verdoyante, aucun signe ne montre que c’est un lieu touristique.

Walia, un paradis en manque de tout
Arrivé au Lac de Samaya, Tafsir Camara, jeune de la localité, nous sert de guide. Apercevant le lac paradisiaque, scintillant, paisible, bordé d’une chaîne de montagne, nous exprimons le désir de le traverser. De l’autre rive, se trouve le village de Walya. Tafsir propose de visiter un écho-touristique, des maisons de 5 pièces construites par l’agence belge Enabel, mais non encore opérationnelles. A bord d’une pirogue motorisée, nous prenons la direction de Walya à 7 km. La traversée dure 20 minutes. A 600 mètres du lac, se trouvent ces maisons censées accueillir les touristes. « Il y a un an, ces cinq maisons plus un restaurant ont été construits ici. Le ministre de la Culture, de l’Hôtellerie, du Tourisme et de l’Artisanat, Moussa Moïse Sylla, est venu inaugurer ces lieux. Mais jusqu’à présent, ils ne sont pas fonctionnels, parce que les maisons n’ont pas été équipées. Pour l’équipement, le partenaire nous demande de nous référer au gouvernement », a affirmé Tafsir Camara, qui plaide à ce que ces maisons soient équipées. Entouré d’une chaîne de montagne, le village de Walya et plusieurs autres regorgent de sites touristiques paradisiaques. Notamment des chutes, des plages, des cascades, une nature verdoyante et un climat exceptionnel. « Des touristes viennent tout le temps. Tous les jours, il y a des pirogues disponibles pour la traversée », indique le guide touristique qualifiant le Lac de Samaya de magnifique et très propre. « L’eau est tellement propre que certains villageois l’utilisent pour la consommation. Ils sont organisés de telle sorte qu’ils nettoient les abords du lac, chaque lundi. J’appelle le Lac de Samaya, nouvelle planète, tellement qu’il est magnifique ». Seulement voilà, Tafsir Camara déplore que des touristes montent des campements pour dormir au bord du lac, faute d’équipements adéquats dans le site. Il déplore aussi, l’absence de produits artisanaux dont ont souvent besoin les touristes.

Pourtant, le Lac de Samaya est un lieu de divertissement par excellence. Dame nature et sa végétation luxuriante attirent les visiteurs. « Beaucoup de gens veulent visiter le lac, mais ils sont confrontés au mauvais état de la route. Les petites voitures ont du mal à venir ici ; surtout pendant la saison pluvieuse », explique Tafsir Camara. Selon lui, des investisseurs privés s’y rendent et font des devis pour aménager le coin, mais ne reviennent jamais. « Cela est un véritable problème. Nous n’arrivons pas à trouver des gens, pour valoriser notre zone », raconte le guide touristique.
Manque d’eau potable
« Enabel a formé des jeunes pour être des guides locaux, des restauratrices et autres, mais nous n’exerçons pas, parce que nous n’avons pas d’équipements pour faire la cuisine. Ceux qui viennent ici nous sollicitent souvent, mais à cause du manque d’électricité, nous ne pouvons pas satisfaire à leurs besoins, nous n’avons pas de réfrigérateurs pour conserver la nourriture et refroidir les boissons », a expliqué Abdoulaye Sylla, chef des guides touristiques de Walya. Walia abrite les chutes de Soussoura, Barkouyadé, Taa-matoodé ou (vue panoramique du village). Abdoulaye Sylla détenant trois attestations que Enabel lui a décerné, il n’arrive pas à appliquer ce qu’on lui a appris. Faute d’équipements sur le site touristique: « Quand vous y arrivez, le coin est très beau, mais nous manquons d’équipements pour accueillir les touristes. On n’a pas même pas de chaises, de petits lits et autres accessoires, permettant aux touristes de se reposer. Sinon, c’est un lieu très humide, agréable à fréquenter ».

Autre problème, raconte Abdoulaye Sylla, le village de Walya n’a qu’un seul puits, où toute la communauté s’approvisionne. Des femmes se bagarrent souvent, quand le puits commence à tarir, selon le chef des guides touristiques. « Nous avons un manque total d’eau potable. Nous demandons vraiment aux autorités de nous aider à avoir de l’eau potable. Vers 15h, quand vous venez ici, c’est bourré. Parce que le puits est petit par rapport à la communauté », s’apitoie Abdoulaye Sylla. Il plaide également pour un équipement de la mosquée de la localité.
La nuit commençait à envelopper Walya, le cri des oiseaux se mêlait aux échanges des femmes qui rentraient du marché de Samaya, quand nous avons quitté cet autre site touristique de Kindia, la ville des agrumes.
Ibn Adama, envoyé spatial