Au sein du Rpg arc-en-ciel d’Alpha Grimpeur et de l’UFDG de la Petite Cellule Dalein Diallo, des cadres dissidents appellent à des réformes et à un changement de leadership. Les réformateurs veulent dire oui à Mamadi Doum-bouillant et non à leurs leaders, peinards.

L’avènement au pouvoir du Comité national du rassemblement pour le développement, le 5 septembre 2021, a bouleversé la donne : les alliés d’autrefois deviennent des adversaires ; les adversaires d’hier font front commun face à la junte, pour contraindre les bidasses à céder le pouvoir aux civils.

Des partis opposés à « la gestion unilatérale » de la transition, Rpg arc-en-ciel et Ufdg, entre autres, voient émerger en leurs seins des mouvements hostiles qui réclament des réformes tout en se rapprochant de la junte. 

L’ancien parti au pouvoir suspendu, faute de congrès, par le mystère de l’Administration du trottoir, n’entend poing remplacer son patron, Alpha Grimpeur. Certains de ses militants et cadres dragués par le CNRD claquent la porte. Thierno Madiou Barry alias Barry Angola, du bureau politique, était des premiers transfuges. MBany Sangaré, ex-secrétaire gênant du bureau national de la jeunesse, était le dirlo gérant du Conseil guinéen des chargeurs avant le renversement d’Alpha Grimpeur. Sangaré s’est recyclé, dare-dare. L’État est une continuité, non ? Sayon Mara, le secrétaire gérant du comité directeur du Rpg de Yembéyah a rejoint le CNT au compte du Rpg. C’est marrant, ça. Désormais, tous les deux n’en font qu’à leur tête.

« Illégalité totale »

Le parti les accuse, avec une trentaine d’autres cadres (en bois), de violation de ses statuts et de son règlement intérieur, pour avoir appelé à rejoindre la junte. Ils sont suspendus et risquent leurs postes, voire leurs cartes de membres du RPG, s’ils ne font pas preuve de fidélité à leur formation politique. « Je suis très influent au sein du Rpg Arc-en-ciel, je dirige la jeunesse depuis 1996, croit encore MBany Sangaré. [Ceux qui m’ont suspendu] n’ont aucune légitimité pour me suspendre ou m’exclure du parti. Les textes stipulent que les instances doivent être renouvelées tous les 5 ans. En réalité, le parti évolue aujourd’hui dans l’illégalité la plus totale ».

De son côté, Sayon Mara dénonce une décision « illégale, nulle et de nul effet. » Pour lui, ses ennuis ont commencé avec son refus de démissionner du Conseil national de la transition, le 31 décembre 2024, marquant la faim des deux ans de transition convenus.

Pour le Rpg, Alpha Grimpeur n’est pas à remplacer, alors que d’autres veulent un nouveau leadership. « Si on n’organise pas le congrès, le parti sera dissous. Or, le Rpg est un héritage commun. J’ai encore sur le corps les traces de la lutte, nous avons perdu des parents… Nous n’accepterons pas que le Rpg soit dissous. C’est inadmissible », peste Sayon Mara.

Réformateurs ou perturbateurs ?

Au même moment, l’Union des forces démocratiques de Guinée bataille fort avec le Cercle des amis de Gaoual (Cerag-Ufdg). Une aile dissidente qui roule pour le porte-voix du goubernement. Le tribunal de première instance de Dixin a ordonné, le 23 mai, la réintégration d’Ousmane Gawa Diallo, ex-coordinateur de la Cellule de Com du parti et actuel ministre des Transports.

Le 30 mai, le Cerag devient Mouvement des réformateurs-Ufdg. En son sein, plusieurs « frustrés », comme Lamarana Petty Diallo, Joachin Baba Millimono, Paul Rosal Kolié. Leur poing commun : être démis de leurs fonctions à l’UFDG et proches de la junte au pouvoir. Leur mot d’ordre : refonder le parti, changer son leadership en envoyant la Petite Cellule Dalein à la retraite.

« Nous ne réclamons la tête de personne, nous lançons un appel à la responsabilité. Nous n’avons rien contre Cellou Dalein Diallo », balaie Lamarana Petty Diallo. Même que la réintégration de tous les exclus de l’Ufdg est non négociable. Même ceux qui ont un pied ailleurs ? À l’orée du 3ème  mandat d’Alpha Grimpeur (2019-2020), Bantama le Sot du Rpg, martelait aux militants indécis : « Un pied dedans et un pied dehors, c’est dehors ». Alhoussein Makanéra Caquet clamait à son tour plus récemment qu’on peut être « 100 % RPG et 1000 % CNRD ». Ainsi va la refondation politique sous Mamadi Doum-bouillant.

Yaya Doumbouya