L’ordinateur contenant le manuscrit d’un roman de Tierno Monénembo a été cambriolé à son domicile à Sonfonia-Bonfi (Cona-cris) en mai 2024. Pour l’écrit-vain, le larron est à chercher « au sommet le plus haut du pouvoir », qu’un petit délinquant n’agirait pas ainsi.

Le 8 juin, sur le plateau de TV5 Monde, Tierno Monénembo a affirmé avoir vécu « très mal » le vol de son ordinateur contenant le manuscrit d’un roman intitulé L’Enfance 4, prêt à être édité. « C’est extraordinaire ! C’est le genre de choses que je ne souhaite à personne. Même pas à mon pire ennemi. Perdre un manuscrit, c’est perdre une partie de soi-même », a dit Tierno, ajoutant qu’il a passé trois ans à écrire le manuscrit. Il était en train de le relire avant de le soumettre à son éditeur, quand un cambrioleur s’est introduit à son domicile en plein jour et s’est emparé de son ordinateur dans lequel se trouvait le manuscrit. Curieusement, l’outil informatique était le seul objet dérobé. Le voleur n’a laissé aucune trace.

Sur TV5 Monde, le journaliste interroge l’écrivain si le vol serait lié à son positionnement critique vis-à-vis du pouvoir en place. « Il me semble bien que oui. Tout le monde le pense en Guinée. Un petit délinquant ne procède pas ainsi. On a proposé 5 000 euros de récompense à quiconque ramènerait l’ordinateur, personne ne s’est présenté », déplore l’auteur de Les Crapauds-brousse.

Selon lui, l’ordinateur dérobé valait à peine 300 ou 400 euros (3 ou 4 millions de francs guinéens). « C’est un vieil ordinateur sur lequel j’aimais beaucoup travailler, le clavier est très pratique. C’est un gros délinquant qui a volé ce manuscrit. Un délinquant qu’il faut chercher au sommet le plus haut du pouvoir », ajoute Tierno Monénembo.

Le prix Renaudot 2008 (pour son livre Le Roi de Kahel) déplore que les appels lancés au chef de l’État soient restés vains. Le collectif de soutien « Retrouvons le manuscrit de Tierno Monénembo » a écrit au général Mamadi Doumbouya pour aider à retrouver le manuscrit, mais « il n’y a pas eu de réponse. C’est le mépris tout le temps. Ces gens-là savent mépriser », déplore Monénembo.

Selon lui, il a repris le manuscrit dérobé. Mais que « ce ne sera pas le même roman. On n’écrit jamais le même roman deux fois. Mais ce sera toujours le même sujet : mon enfance, le temps des indépendances africaines », a-t-il confié à TV5 Monde.

Yaya Doumbouya