À Siguiri, la célébration de l’Aïd al-Adha (Tabaski), le 6 juin, s’est soldée par une série d’accidents sur la voie publique. Le Dr Bachir Condé, médecin légiste à l’hôpital préfectoral de Siguiri, dresse un constat alarmant.

« Cette année, au lieu que ce soit un événement joyeux, ça a été un événement catastrophique. Rien que dans la semaine de la fête, nous avons reçu 73 cas d’accidents de la route. Parmi lesquels, 3 dépôts de corps et 9 évacuations vers des structures spécialisées à Conakry, Kankan ou Bamako. »

L’hôpital de la ville aurifère a été débordé, avec l’évacuation chaque jour de nouveaux blessés: « 14 le mardi 3 juin; 9 le lendemain; 18 le surlendemain; 12 le jour de la fête (vendredi 6); 11 le samedi et 9 le dimanche 8 juin à 14h. Certains corps n’ont été identifiés que deux jours après leur admission », détaille le Dr Condé.

« Il faut un changement de mentalité »

Face à la situation inquiétante, le médecin déplore « l’irresponsabilité » des usagers de la route, notamment les jeunes conducteurs de taxis-motos. « Ce ne sont pas des accidents dus à la fatalité, dénonce-t-il. Ce sont des comportements irresponsables. Ce n’est pas un fait de Dieu, mais bien une conséquence directe de l’indiscipline des conducteurs, surtout des jeunes. » Le médecin évoque notamment le cas dramatique de Sayon Traoré. Un jeune taxi-maître de 28 ans décédé dans un accident, resté longtemps non identifié. Il y a aussi celui de Rokia, une passagère tombée dans le coma. Tous les deux étaient originaires de Faranah.

Passées les émotions, le Dr Bachir Condé interpelle les autorités, les familles et la société guinéenne dans son ensemble. « La Guinée n’a pas besoin de festivités mal encadrées. Ce dont elle a besoin, c’est de conscientiser sa population. Il faut un changement de mentalité. Si on continue comme ça, tout ce que l’on fait sera vain. »

De l’avis du médecin, l’avenir du pays serait compromis si la jeunesse continue à être sacrifiée. Il appelle les parents à plus de responsabilité dans l’éducation des jeunes, les autorités à prendre des mesures strictes pour encadrer les rassemblements populaires.

Mariama Dalanda Bah