Le 3 décembre dernier, Habib Marouane Camara a été enlevé à Lambanyi par des personnes se présentant comme des gendarmes. Depuis, l’on est sans nouvelle du directeur de publication du site d’informations www.lerévélateur224.com. Face au silence, Reporters Sans Frontières tente de mobiliser.

Les autorités guinéennes se murent dans un silence assourdissant depuis l’enlèvement de Habib Marouane Camara.  Excédé par cette indifférence, Reporters Sans Frontières (RSF) se tourne vers le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées ou involontaires en Guinée, dans l’espoir d’en savoir davantage sur le sort réservé au journaliste : « Le silence des autorités est intolérable : où est Habib Marouane Camara ? A-t-il accès aux médicaments dont il a besoin quotidiennement ? Est-il détenu et, si oui, pour quels motifs ? Les autorités guinéennes doivent répondre à ces questions. Par cette saisine du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires, notre organisation est déterminée à établir toute la vérité », a déclaré Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF.

Jeanne Lagarde, chargée de plaidoyer à RSF, suit le dossier. « On était déjà passé par plusieurs instances. On avait essayé de saisir la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples à deux reprises. Celle-ci a interpellé les autorités guinéennes, mais sans nouvelles. Donc, face à cette inaction, on a décidé de saisir le Groupe de travail des Nations unies pour avoir plus de nouvelles, essayer en tout cas de montrer notre détermination, faire en sorte que ce groupe de travail enquête un peu plus et puisse, à terme, faire sortir les autorités de leur silence. Ce groupe a été aussi saisi sur les disparitions forcées des deux autres activistes, Foniké Mengué et Billo Bah. On a vu qu’ils ont publié une lettre pour poser des questions, faire vivre ces cas. C’est une des raisons pour lesquelles ce groupe a été saisi effectivement, dans l’espoir qu’une enquête soit ouverte et que tout soit mis en œuvre pour obtenir des informations sur son sort », a-t-elle expliqué à RFI ce mercredi 16 juillet.

Avant cette saisine, RSF avait demandé des comptes aux autorités guinéennes sur ces disparitions. Sans succès. Le 3 mai dernier, devant la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) à Banjul, en Gambie, RSF a interpellé le gouvernement guinéen. Le 28 janvier plus tôt, l’organisation avait également saisi la Rapporteuse Spéciale sur la Liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique au sein de cette même Commission. 

Dans une déclaration en octobre 2024, le Groupe de travail des Nations unies sur les disparitions forcées et la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples ont dit leurs « craintes grandissantes » sur les risques de torture, de mauvais traitements et même d’exécutions extrajudiciaires que pourraient subir Foniké Menguè et Billo Bah, avant d’appeler à leur libération. 

Kadiatou Diallo