Alors que les candidats au Certificat de fin d’études élémentaires, CEE, viennent d’être fixés sur leur sort, des voix s’élèvent pour demander la suppression de cet examen. Le débat est loin de faire l’unanimité.

Faut-il supprimer ou non le CEE ? Le débat fait tellement rage que la question a été mise sur la table lors de la réunion hebdomadaire du ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation le 7 juillet. Le chef du département, Jean Paul Cedy, a voulu lancer la réflexion à l’interne, pour voir de quoi retourne cette problématique.

Mais certains acteurs du secteur de l’Éducation estiment qu’il est temps de se passer de cet examen : « La Guinée s’est inscrite dans un programme qui consiste à réviser son programme d’enseignement et qui vise à étendre l’enseignement fondamental jusqu’en 10ème année, que les enfants aient la possibilité d’avoir accès à l’enseignement fondamental de la maternelle jusqu’en 10e année», explique Michel Pépé Balamou, secrétaire du Syndicat national de l’éducation. Selon lui, le CEE est un handicap pour bon nombres d’élèves : « L’examen d’entrée en 7ème année, qui devient un obstacle pour certains d’atteindre la scolarité primaire et universelle, mais aussi les jeunes filles qui abandonnent les cours en chemin lors qu’elles échouent à l’examen d’entrée en 7ème ».

Michel Pépé Balamou (SNE)

Il met aussi l’accent sur le caractère budgétivore de l’examen du CEE : « 45% du budget des examens nationaux jusqu’en 2021, était consacré à l’organisation de l’entrée en 7e année. Cet argent pourrait servir à construire des écoles, à améliorer la qualité des apprentissages, à investir dans les enseignants. Nous pensons que le diplôme du CEE ne sert à rien, puisqu’il n’est pas soumis à un concours de compétence pour avoir accès à tel service ou tel niveau d’étude. »

En tant que force sociale de veille, d’interpellation et de proposition d’alerte, le SNE estime qu’au regard des expériences amères que le système éducatif guinéen a ressenti dans la baisse drastique du niveau des enseignements et des apprentissages, il va falloir « mûrir la réflexion très profondément avant de provoquer cette situation, qui contribuerait à abaisser davantage le faible niveau des enseignements mais aussi des élèves. Et la déresponsabilisation des parents d’élèves et même de l’autorité de l’Etat par endroit par rapport à l’éducation ».

Mais le SNE suggère, avant toute suppression du CEE, la construction de plus d’écoles maternelles publiques : « Depuis la suppression du Bac 1 et du concours, le niveau d’étude de l’élève guinéen s’est détérioré. Il y a des candidats du baccalauréat unique qui ont des écritures illisibles et des étudiants qui finissent l’université mais qui ne savent même pas faire une demande de stage. Nous pensons que s’il y a nécessité d’envisager une suppression du CEE, il faut d’abord construire beaucoup d’écoles maternelles publiques, parce que la Guinée est l’un des rares pays où il n’y a pas d’écoles préscolaires ou pré primaires publiques. Donc, il est plus que nécessaire de trouver un cadre d’évaluation plus crédible et rigoureux qui puisse remplacer le CEE, pour ne pas que n’importe qui se retrouve au collège ».

Aboubacar Soumah (SLECG)

Au sein du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), la question n’est pas encore tranchée. Son secrétaire  gênant, Aboubacar Soumah, nous a confié : « Le bureau exécutif ne s’est pas encore réuni pour analyser la situation. Donc, je ne pourrais pas me prononcer sur le sujet. Il faut que le bureau fasse son analyse. En plus, ce n’est pas une décision qui est prise, c’est plutôt une proposition. Il faudrait que chaque entité donne sa réaction, pour pouvoir en tirer une conclusion ». Comme pour dire le débat est loin d’être clos.

Kadiatou Diallo