La semaine dernière, Donald Trump a convié, à la Maison Blanche, pour un commérage de haute facture, Ould Cheikh El Ghazouani, Bassirou Diomaye Faye, Brice Clotaire Oligui Nguema, Joseph Boakai et Umaro Sissoko Embalö. Pour quelles raisons cette belle brochette de pontes d’Afrique a été réunie autour du Président américain à la Maison Blanche ? Elles sont multiples.
Toujours tonitruant et coutumier des plaisanteries de mauvais goût, l’hôte a planté le décor. Crument, brutalement, sans fioriture diplomatique. En relation avec sa conception des relations internationales, Donal Trump professe devant ses invités sa préférence du business comme stratégie de développement des pays Sud et de coopération entre les Etats. L’aide, selon lui, contrairement à ce qui a été fait jusqu’à présent, n’est pas la voie la plus efficace qui conduit au développement. Dans la perspective de ce nouveau paradigme, il invite les cinq Présidents africains à donner leur point de vue, présenter les ressources naturelles dont regorgent leurs pays et leur vision des relations commerciales avec les États-Unis. Il interrompt Ould Cheikh, le Mauritanien dont l’exposé exhaustif l’agace, de toute évidence. « Soyons bref et allons à l’essentiel ; allons droit au but », assène-t-il. Et voilà tout le monde averti. Les bavards attendront une autre circonstance. L’homme d’affaire Trump n’a pas le temps des Woba-Woba qui ne rapportent pas de dollars. Ce qu’il attend de ses hôtes, c’est de lui parler de terres rares, de minerais précieux, de bauxite, de fer, de pétrole, de gaz. Les cinq présidents présents en ont-ils dans leurs républiques bananières ? En quelles quantités ? Qu’attendent-ils des États-Unis dans le cadre d’un partenariat win-win ?
Voilà ce que veut l’administration Trump. Ni plus ni moins. Tour à tour, les convives se sont alors évertués à vanter leurs États pour l’immensité de leurs richesses en manganèse, pétrole ou en gaz, etc. Puis ils ont loué à l’unanimité, la main sur le palpitant, les qualités d’homme de paix et de défenseur des libertés de Trump. Mon œil ! Et les bombes lâchées sur le site nucléaire de Fordo, en Iran ? Ces propos qui frisent la flagornerie sont destinés à caresser dans le sens du poil, le locateur du Bureau Ovale qui ne fait plus mystère d’être auréolé du prestigieux Prix Nobel de la paix. Pareils éloges lui sont utiles.
Lors de ces exercices d’explication de textes, l’éloquence du Président libérien a si émerveillé son pair américain qu’il lui a demandé où il a appris son anglais ? Ignorance ou boutade ? Qui sait ?
Leçon de morale de ce mini-sommet Amérique-Afrique ? L’approche du développement socioéconomique des États par l’aide n’est-elle donc plus la panacée ? Déjà, Dambisa Félicia Moyo, économiste zambienne, avait démontré que l’aide était plutôt un frein au développement, car elle alourdi la dette des pays tout en étant une importante source de corruption. Elle recommandait l’emprunt sur le marché financier international, pour financer le développement.
Abraham Kayoko Doré