Le 10 juillet, sous l’égide du Centre d’innovation et de recherche pour le développement (CIRD), s’est tenue à Kaloum la cérémonie de signature du pacte d’entente nationale pour la paix, l’unité et la cohésion sociale. Le document se veut désormais garant de la paix et de la quiétude sociale en Guinée.

Alors qu’on se dirige vers un référendum crucial en septembre prochain, le Centre d’innovation et de recherche pour le développement met les bouchées doubles pour prévenir les conflits. Dans le cadre du « Projet d’appui au renforcement de la cohésion sociale et à la réconciliation nationale en Guinée », le CIRD, soutenu par le PNUD, le HCDH et l’UNFPA, a élaboré un document engageant autorités politiques, religieuses, coutumières et morales à œuvrer pour le maintien de la paix. L’objectif visé : soutenir la lutte contre la manipulation ou l’instrumentalisation politique et sociale, jeter les bases d’une culture de la citoyenneté et des droits de l’homme et renforcer la redevabilité des gouvernants. Le Pacte cherche aussi à créer les conditions d’une réconciliation nationale.

La cérémonie a réuni représentants des coordinations régionales, différents patriarches, confessions religieuses, anciens Premiers ministres, représentants des institutions diplomatiques, consulaires, représentants des agences des Nations-Unies… Elle a été présidée par le Premier ministre, Amadou Oury Bah.

Ce pacte, c’est un document de 6 pages, comprenant 4 chapitres et 11 articles. Ils traitent pratiquement tous de la façon dont autorités religieuses, coutumières et morales, aux côtés de celles politiques, vont s’impliquer pour prévenir les conflits en Guinée : « C’est toute la Guinée qui est représentée pour convenir ensemble à renoncer au droit de se faire justice soi-même, renoncer à la violence. Comme mode de règlement des conflits, il offre la possibilité à la paix d’advenir et d’être durable… Le pacte que nous signons aujourd’hui est le fruit d’un long processus de recherche conduite dans toutes les régions de la Guinée. Cette étude a reposé sur des entretiens, des observations et de la recherche documentaire. Nous avons écouté les citoyens, les coordinations, les chefs religieux, les femmes, les jeunes pour comprendre leurs expériences en matière de conflit, leurs attentes… », explique Docteure Safiatou Diallo, patronne du CIRD. Selon elle, le document vient rappeler que le vivre-ensemble ne saurait être effectif sans la tolérance : « Vivre ensemble ne signifie pas simplement exister, cela implique de cohabiter, de partager des espaces, de partager des responsabilités, de partager des projets. Vivre ensemble n’est profitable que si la cohabitation l’emporte sur la coexistence… Les coordinations régionales s’engagent à ne plus tolérer la manipulation identitaire, les autorités coutumières s’engagent à jouer un rôle actif de médiation dans l’égalité et l’Etat, en devenant consignateurs du pacte, s’engagent à garantir les droits, à assurer la justice pour tous les citoyens. »

Le Pacte d’entente a été concocté par le CIRD grâce au soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH) et le Fonds des Nations-unies pour la population (UNFPA). Le Représentant Résidant du PNUD, Anthony Ohemeng Boamah, encourage les signataires à ne pas s’arrêter à mi-chemin: « La paix et la cohésion sociale ne sont jamais définitivement acquises. Elles se maintiennent grâce à la patience, au dialogue, au respect de nos diversités et à la recherche constante de justice. Elles exigent de chaque acteur national, un effort soutenu pour surmonter le clivage, panser les blessures et bâtir collectivement les fondements d’un vivre ensemble. » Pour lui, le document n’est qu’un point de départ : « Il constitue une boussole et une politique pour guider nos actions futures. Il nous interpelle tous, autorités, citoyens, sur notre responsabilité collective qui exige vigilance et engagement constant. »

Et Cristelle Youness du Système des Nations-Unies d’enchaîner: « Ce moment solennel marque une étape décisive dans le cheminement collectif du peuple guinéen vers une société plus juste, plus inclusive et résolument tourné vers la paix durable. Il s’agit d’une volonté commune de dépasser les clivages, les plaisirs du passé et de construire un avenir fondé sur le dialogue, la solidarité, le respect mutuel… La paix n’est pas un acquis, elle se construit chaque jour dans nos paroles, nos gestes, nos décisions. En signant ce pacte, vous écrivez une nouvelle page de l’histoire de la Guinée, une page d’espoir, de courage. »

Pour le Premier ministre, le Pacte d’entente est le prolongement des Assises nationales. Il encourage les signataires à veiller au respect des engagements pris : « Ce que nous signons aujourd’hui est un engagement solennel au service de la paix, de la cohésion et de la stabilité durables. La Guinée doit montrer la voie, pour elle-même et pour la région… La paix n’est jamais acquise. C’est un combat quotidien. Mais aujourd’hui, un pas important vient d’être franchi pour la Guinée. »

Yacine Diallo