Le dimanche 6 juillet, les BRICS+ ont tenu leur sommet à Rio de Janeiro, au Brésil. Comme de coutume, le cénacle a été grandiose même s’il a été terni par la dérobade des deux mastodontes du bloc, la Russie et la Chine. La présence des nouveaux, même plus frêles (Arabie-Saoudite, Iran, Egypte, les Emirats arabes unis, l’Ethiopie et l’Argentine) a servi de baume sur les désagréments.
Ce sommet des gros calibres du Sud Global intervient au moment où le monde traverse une zone de fortes turbulences. Il a consacré bien de temps, de salive et d’encre aux causes et aux conséquences de ces turbulences. On s’est rendu compte que le dérèglement climatique n’est pas la seule menace contre la survie de la nature et des hommes. Il y a aussi le dérèglement politique, économique et social. Partout dans le monde, on observe l’étiolement du droit international face à l’avancée de la force brutale et violente. Voilà trois ans que la Russie agresse sans vergogne l’Etat souverain d’Ukraine. Pour sa part, Israël inflige aux Palestiniens de l’enclave de Gaza, après l’agression du Hamas le 7 octobre 2023, des représailles disproportionnées que les défenseurs des droits humains considèrent comme un génocide. Sous le fallacieux prétexte d’empêcher l’Iran d’intégrer le prestigieux club fermé des possesseurs de l’arme nucléaire, Benyamin Netanyahou et Donald Trump, de connivence, ont infligé à l’Iran d’effroyables pertes humaines et matérielles.
Concomitamment, depuis son retour à la Maison Blanche, en janvier dernier, Donald Trump s’évertue à détricoter, avec soin, les normes des relations politiques, économiques internationales. Il se sert des droits de douane non pas pour réguler le commerce international, mais pour punir et discipliner les Etats récalcitrants, à son goût. Le sommet de Rio a fustigé ces dérives tout naturellement dans un langage cool et courtois.
Toutes ces problématiques sont une opportunité pour les BRICS+ de ressurgir, refaire surface en réaffirmant leur ADN, leurs raisons d’être. Ainsi, ils insistent sur le multilatéralisme qui favorise la coexistence pacifique et solidaire entre les nations dans un monde multipolaire.
Quoique lénifiants, les propos dans lesquels les BRICS+ ont condamné les dysfonctionnements de la gouvernance mondiale ont suscité l’ire de Trump, le grincheux. Qui a aussitôt menace d’une punition de 10% d’augmentation spéciale sur les tarifs douaniers tout candidat à l’adhésion au groupe des BRICS+. Et toc, l’Oncle Sam a parlé, ordonné ! On obtempère. Les observateurs avisés ont noté l’extrême prudence langagière au sommet des BRICS+, car le souci des chefs d’Etats présents était de dire leurs vérités tout en ménageant égos et susceptibilités, les coupables de mauvaise gouvernance. A maintes reprises, ils ont dû tourner 7 fois la langue dans la bouche avant de parler.
Par ailleurs, des fissures sont apparues dans le bloc des BRICS+. Face à Donald Trump, on n’a pas vu émerger la solide solidarité attendue, notamment dans le cadre des négociations sur les droits de douane fantaisistes et discriminatoires, infligés pêle-mêle aux Etats par Donald Trump, à la tête du client. En tout état de cause, le sommet de Rio de Janeiro a constitué l’opportunité pour les BRICS+ de sortir de leur torpeur.
Abraham Kayoko Doré