Le 6 juillet, le RPG a suspendu 4 de ses cadres. L’ex-parti au pouvoir leur reproche leur « connivence » avec la junte au pouvoir. Les intéressés balaient cette décision du revers de la main.
A l’image de l’UFDG, le RPG arc-en-ciel s’enfonce aussi dans la crise. Le parti, encore dirigé par l’ex-Président, Alpha Condé, s’est résolu à sanctionner certains de ses poids lourds en Haute-Guinée, notamment à Kankan. Mamby Camara, coordinateur du parti et des sections de la préfecture de Kankan, Taliby Dabo, Babou Chérif, Ansoumane Fofana et Moussa Traoré, tous membres de la coordination régionale de la Haute-Guinée, sont suspendus jusqu’à nouvel ordre pour « indiscipline notoire, propos malveillants envers le leader du parti, concussion et corruption. » Mamby Camara est remplacé à son poste par un certain Sory Sanoh, les 4 autres sont exclus de la coordination régionale.
Les responsables de la direction nationale ne digèrent pas les prises de position de ces derniers allant à l’encontre de leurs décisions. Ils pestent également contre le fait que les concernés aient décidé de se rapprocher du CNRD. Marc Yombouno, membre du Bureau politique national accuse les bannis de vouloir évincer Alpha Condé de la tête du RPG arc-en-ciel : « Ils ne participaient déjà plus aux activités du parti. Mais pour eux, le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation a demandé des congrès aux partis politiques, il faut changer tout le monde, remplacer le Professeur Alpha Condé. Ce n’est rien d’autre que de la déstabilisation. »
Ces cadres restent pour le moment suspendus, mais le RPG n’écarte pas leur exclusion : « Celui qui n’est pas d’accord avec les décisions, s’exclut lui-même…S’ils persistent, ils seront purement et simplement virés du parti, parce que leur position ne leur permet pas de rester », ajoute Marc Yombouno. Il les invite d’ailleurs à créer leur propre parti politique : « Vous ne pouvez pas ne pas aimer un parti et continuer à s’accrocher à ce même parti. Au RPG arc-en-ciel, c’est le congrès qui décidera. »
Taliby et Cie ne lâchent pas l’affaire
Très dur à l’encontre de la junte les mois ayant suivi le coup de force du 5 septembre 2021, Taliby Dabo a progressivement poli son discours vis-à-vis des militaires. Il s’éloigne du RPG, s’affiche avec les tombeurs d’Alpha Condé. Au RPG, nul doute que Taliby Dabo cherche à déstabiliser le parti au profit du CNRD. Mais l’intéressé, lui, ne compte pas se laisser marcher dessus. Certainement fort du soutien du pouvoir en place, il rejette la mesure, décide de tenir tête à Sékou Condé, secrétaire permanent et à la direction nationale du RPG arc-en-ciel. L’ex proche d’Alpha Condé dit se battre pour l’organisation d’un congrès afin de renouveler les instances du parti : « Cette suspension n’a pas de sens. Un groupe de personnes ne peut se substituer à la direction nationale. Vis-à-vis des textes du parti, nous ne sommes pas en faute. Nous ne demandons que la tenue d’un congrès. Sur cette question, nous ne reculerons pas. »
Sur ses accointances avec le CRND, Taliby Dabo demande à ses anciens amis de faire la part des choses : « Le CNRD n’est pas un parti politique, il gouverne la Guinée. Le RPG fait de la politique. Il n’a qu’à attendre que le CNRD se constitue en parti politique ou les périodes électorales. »
Taliby Dabo pourrait, dans les prochains jours, traduire docteur Sékou Condé en justice. Au sein du RPG arc-en-ciel comme à l’UFDG, les nuages sont loin de s’estomper.
Yacine Diallo