Le vendredi 15 août, deux des plus géants de la planète, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont rencontrés à Anchorage en Alaska (Etats-Unis) pour un commérage sur les conditions de règlement du conflit entre les anciens frères et alliés au sein de l’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques). Même si la rencontre doit être simplement consacrée à définir les contours d’un accord de paix entre la Russie et l’Ukraine, il est condescendant de ne pas y inviter l’un des deux belligérants, en l’occurrence Volodymyr Zelensky. Quel couac !
La rencontre d’Alaska n’est pas fortuite. Immense par sa superficie (1 717 854 Kilomètres carrés), mais faible par sa population (731 545 habitants en 2019), l’Alaska est idéalement situé pour accueillir cette rencontre. Etat Américain acheté au Tsar Alexandre II en 1867, l’Alaska n’est qu’à quelques encablures des frontières de la Russie. Ce qui permet au paria de la Cour pénarde internationale de La Haye d’effectuer allègrement et sans frousse, le trajet Moscou-Anchorage, et à Donald Trump de continuer tranquillement à golfer sur ces terres.

Sur la Base militaire Elmendorf-Richardson, le ténébreux Président russe Poutine a été accueilli sur le tarmac par un Trump moins agité, moins tonitruant. L’accueil a été chaleureux, la poignée de main chaude, l’opération de communication parfaite. Au tête-à-tête entre les deux Présidents, on a préféré une réunion restreinte, élargie à des proches collabos de Poutine et de Trump. On a noté la présence de Sergueï Lavrov et de Viktorovitch Ouchakov, côté russe, ainsi que de Marco Rubio et de Steve Witkoff, côté américain.
Cette importante rencontre au sommet s’est terminée par une conférence de presse animée par les costauds du monde. Sans annonce aucune, ni même sans effet d’annonce. Le flou artistique a été de mise. On en est à conjecturer sur ce qui a été discuté et retenu lors du Woba-Woba. Il n’y a eu ni d’accord win-win ni d’accord lose-lose.Il n’y a pas eu le moindre deal. Loin s’en faut. C’est la montagne qui accouche d’une vilaine et petite souris. A moins qu’on ait caché des résult-tares de la rencontre au grand public. Donald Trump n’est plus qu’un matamore. Il n’a même pas pu arracher du Tsar rouge un cessez-le-feu, cible minimale. Les boules de cristal ont trompé ceux qui y croient et s’en servent pour lire l’avenir et le devenir. Même les observateurs avisés, spécialistes en ceci et en cela, se sont lourdement gourés. Ils ont ergoté sur le probable agenda du sommet et retenu trois centres d’intérêt, à savoir : comment arrêter la guerre entre la Russie et l’Ukraine ? Comment promouvoir la candidature de Trump au prix Nobel de la paix ? Comment engranger, pour la délégation américaine, le maximum de retombées économiques et commerciales (spoliation des terres rares de l’Ukraine) ? Il n’en a rien été de tout cela.
À dire vrai, l’escapade d’Alaska a été plutôt une excellente opération de Com pour soigner l’image des deux hommes forts du monde, en particulier au sein de leur électorat. Poutine en a profité pour un peut voiler son image écornée, du fait du mandat d’arrêt de la CPI émis à son encontre. N’a-t-il pas envahi l’Ukraine pour causes de dénazification et de démilitarisation ? On n’entend plus ce narratif.
Abraham Kayoko Doré