𝗨𝗻𝗲 𝗳𝗶𝗲𝗿𝘁𝗲́ 𝗾𝘂𝗶 𝗱𝗲𝘃𝗶𝗲𝗻𝘁 𝘂𝗻 𝗱𝗲́𝗳𝗶 !

Depuis plus de trente ans, la Moyenne Guinée vit une transformation territoriale sans précédent. Nos villages se métamorphosent sous l’impulsion de la diaspora : villas luxueuses, mosquées monumentales, infrastructures sociales qui traduisent notre attachement à nos origines et notre volonté de « réussir au pays ».

Cet effort, profondément enraciné dans la culture peule, est une fierté collective. Mais cette urbanisation, laissée à elle-même, crée aussi un désordre territorial, un déséquilibre social et une absence criante de services essentiels.

𝗗𝗲𝘀 𝘃𝗶𝗹𝗹𝗮𝗴𝗲𝘀-𝘃𝗶𝘁𝗿𝗶𝗻𝗲𝘀 𝗺𝗮𝗶𝘀 𝘀𝗮𝗻𝘀 𝘃𝗶𝗲:

Beaucoup de localités de la Moyenne Guinée ressemblent aujourd’hui à des « villages-vitrines » : des alignements de villas inhabitées une grande partie de l’année et des mosquées somptueuses, mais souvent au milieu de localités sans routes praticables, sans systèmes d’assainissement, sans écoles modernes ni centres de santé adaptés.

𝗟𝗲 𝗽𝗮𝗿𝗮𝗱𝗼𝘅𝗲 𝗲𝘀𝘁 𝗳𝗿𝗮𝗽𝗽𝗮𝗻𝘁 :

Nous dépensons chaque année des milliers de dollars pour évacuer nos malades vers Dakar, le Maghreb ou l’Occident, alors que nous aurions pu bâtir, dans notre propre région, des cliniques et hôpitaux de référence internationale.

Nous consacrons des millions à envoyer nos enfants étudier à l’étranger, alors que nous aurions pu construire des écoles professionnelles et des universités modernes capables d’attirer des étudiants de toute l’Afrique au Foutah.

Et plus encore, de nombreuses familles de la diaspora envoient leurs enfants au Sénégal, en Égypte, en Gambie, en Mauritanie ou en Arabie Saoudite pour apprendre le Coran et l’islam, alors même que le Foutah est historiquement reconnu comme un berceau de l’islam en Afrique de l’Ouest. Pourquoi ne pas bâtir des centres modernes d’enseignement islamique dans nos propres localités pour accueillir nos enfants directement chez nous, au lieu de dépenser des fortunes à les envoyer ailleurs ?

Nous bâtissons des murs, mais nous oublions de bâtir des institutions. Nous construisons des symboles, mais nous négligeons les outils de transformation durable.

𝗨𝗻 𝗰𝗵𝗼𝗶𝘅 𝗰𝗼𝗹𝗹𝗲𝗰𝘁𝗶𝗳 𝗮̀ 𝗳𝗮𝗶𝗿𝗲

La diaspora peule fait déjà beaucoup. Mais il est temps de franchir une nouvelle étape. Les villas et les mosquées doivent rester des symboles, mais elles ne suffisent pas. Nous devons investir aussi dans ce qui nourrit et retient :

• des fermes modernes pour transformer notre agriculture,

• des unités de transformation pour valoriser nos produits locaux,

• des infrastructures médicales et académiques de référence,

• des centres islamiques modernes pour former nos enfants sur place,

• des services pour les jeunes afin de limiter l’exode,

• un tourisme culturel et écologique qui valorise notre patrimoine.

Il ne s’agit pas d’opposer le prestige au pratique. Il s’agit de planifier ensemble, de penser à long terme et de donner un avenir viable à nos territoires.

𝗜𝗻𝘁𝗲𝗿𝗽𝗲𝗹𝗹𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻

Chers frères et sœurs de la diaspora, chers élus locaux, chers leaders communautaires : voulons-nous laisser s’installer une urbanisation anarchique qui fragilise notre région ? Ou voulons-nous transformer notre énergie et nos moyens en un modèle de développement endogène, capable de retenir nos jeunes, de soigner nos malades sur place, d’éduquer nos enfants dans des institutions de qualité et de former nos générations futures dans des centres islamiques bâtis par nous-mêmes, chez nous, au Foutah ?

L’heure n’est plus à la simple construction, mais à la co-construction. Si nous acceptons d’orienter une partie de nos investissements vers des infrastructures productives, sociales, éducatives et religieuses stratégiques, alors la Moyenne Guinée pourra devenir un pôle de prospérité, de savoir et de rayonnement pour toute la Guinée et l’Afrique de l’Ouest.

Sinon, nous aurons bâti des villages de béton, mais vides de vie, de science et d’avenir.

𝗔𝗹𝗴𝗮𝘀𝘀𝗶𝗺𝗼𝘂 𝗣𝗼𝗿𝗲𝗱𝗮𝗸𝗮 𝗗𝗶𝗮𝗹𝗹𝗼

Expert en Développement Local

Ressortissant de la Moyenne Guinée, actuellement installé aux USA