Privés de liberté depuis juin et juillet 2024, le chroniqueur Adama Bayala et le journaliste Alain Traoré ont retrouvé leurs proches le 17 septembre. Leur réapparition intervient dans le prolongement de la vague de libérations de journalistes enrôlés dans l’armée observée depuis juillet 2025. Reporters sans frontières (RSF) est soulagée qu’ils aient pu retrouver leurs proches et appelle désormais les autorités à relâcher le journaliste Atiana Serge Oulon.

Le chroniqueur de la chaîne privée BF1 Adama Bayala, et le rédacteur en chef du bureau “Langues nationales” du groupe de presse privé Oméga MédiasAlain Traoré, plus connu sous le surnom d’Alain Alain, ont regagné leurs domiciles dans la nuit du 16 au 17 septembre, vers deux heures du matin.

Selon les informations recueillies par RSF, Adama Bayala et Alain Traoré se portent bien et gardent le moral, même si le premier est “affaibli”“Un miracle” selon un de leurs proches : les deux journalistes ont disparu pendant près de 14 mois.

Adama Bayala et Alain Traoré ont respectivement été enlevés le 28 juin et le 13 juillet 2024. Si le ministère de la Justice avait reconnu la réquisition forcée d’Adama Bayala en octobre 2024, les autorités ne s’étaient jamais exprimées sur le sort réservé à Alain Traoré. La réapparition de l’auteur de la chronique satirique “Le Défouloir”, survenue en même temps que celle d’Adama Bayala, laisse désormais peu de place au doute quant au fait qu’il a lui aussi été enrôlé dans l’armée.

Le ministre de la Communication, Pingdwendé Gilbert Ouédraogo, n’a pas répondu aux sollicitations de RSF.

« RSF est soulagée d’apprendre les libérations d’Adama Bayala et d’Alain Traoré, qui étaient plus qu’attendues, près de deux mois après celles de Guezouma Sanogo et Phil Roland Zongo. Le chroniqueur et le journaliste ont donc passé près de 14 mois au sein des forces armées burkinabè. Ces réquisitions – bien qu’autorisées par le décret de mobilisation générale – n’auraient jamais dû cibler de façon arbitraire des journalistes qui n’ont fait qu’exercer leur métier. RSF demande désormais aux autorités de libérer Atiana Serge Oulon, dernier journaliste vraisemblablement réquisitionné », déclare Sadibou Marong, Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF.

Avec ces libérations, le directeur de publication du journal L’ÉvénementAtiana Serge Oulon, est désormais le dernier journaliste vraisemblablement réquisitionné par les autorités. Sa remise en liberté avait été annoncée par plusieurs activistes à la fin du mois de juillet. Mais il n’a, pour l’heure, pas encore retrouvé ses proches.

Les libérations d’Adama Bayala et d’Alain Traoré interviennent près de deux mois après celles de Guezouma Sanogo et Phil Roland Zongo, respectivement président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) et journaliste de la radio Femina FM, réapparus le 21 juillet. Quatre jours plus tôt, un autre membre de l’AJB, le journaliste d’investigation Boukari Ouoba, et un journaliste de la chaîne privée BF1Luc Pagbelguem, avaient également retrouvé leurs proches. Un chroniqueur de la même chaîne, Kalifara Séré, a lui été libéré dans la soirée du 11 juillet, après une réquisition forcée de plus d’un an.  

Le Burkina Faso occupe la 105e place sur 180 pays et territoires du Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2025. 


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