Le projet de constitution élaboré par le Conseil national de la transition (CNT) doit être soumis à référendum le 21 septembre prochain. La période de la campagne référendaire, qui doit être animée par des partis politiques et des organisations faîtières de la société civile légalement constituées et retenues par les autorités, est fixée du 31 août au 18 septembre. Ces partis et organisations de la société civile sont donc en campagne pour ou contre l’adoption du projet de constitution par le peuple.
Chacun y va de ses ressources physique et intellectuelle, de son vécu politique et de sa rhétorique. Pour ordonner les débats et leur assurer la clarté requise pour leur bonne lecture, la Direction générale des élections (DGE) a défini l’ordre de passage des différents intervenants sur le plateau de la RTG. Ainsi, dans le cadre du Journal de campagne de la RTG, les partisans du Oui ou du Non se succèdent sur le petit écran et devant les micros pour justifier leur choix.
Une litanie sans démonstration
Ils rivalisent alors de rhétorique dont la pertinence, la profondeur et la qualité rédactionnelle sont bien loin les unes des autres. On subodore la peine des uns et des autres à identifier des thématiques pertinentes de campagne, c’est-à-dire des réflexions en rapport avec le contenu du projet de constitution.
Les partisans du Oui devraient mettre en exergue les éléments du projet de constitution qui, sur le plan politique, économique, social et environnemental, sont de nature à promouvoir une avancée significative du bien être des Guinéens. Au lieu de cela, on assiste à une litanie sans démonstration convaincante. L’effort de persuasion cède à la facilité du jugement de valeur et du coup d’encensoir.
Quant à ceux aux yeux desquels le projet de constitution ne trouve point grâce, ils se contentent de les dénigrer sans vraiment convaincre grand monde. Ils ne parviennent pas à solidement soutenir leur argument selon lequel il n’y a pas de relation de cause à effet entre le texte constitutionnel à adopter et la promotion du bien-être du Guinéen. Ils se complaisent dans des critiques acerbes et stériles dont la contribution à la qualité du débat est insignifiante.
Spectacle désolant
Certaines entités (partis politiques et organisations de la société civile) offrent le désolant spectacle d’amuser la galerie. Au regard de tout cela, une observation s’impose. C’est en 1993, lors de la première élection présidentielle pluraliste, que la pratique du passage des différents candidats à la RTG pour défendre leur programme politique a été initiée.
A l’époque, on a relevé et apprécié la qualité des débats qui étaient, à n’en pas douter, de bonne facture. Évidemment, ce n’était pas les mêmes femmes et hommes que celles et ceux d’aujourd’hui qui se relayaient devant les caméras. Il n’y a plus de Siradiou Diallo ni de Jean-Marie Doré, Bâ Mamadou, Alpha Condé… auxquels leur formation universitaire, leur culture générale, leur vécu politique et leurs carnets d’adresses conféraient une immense aura. Ce qui manque cruellement à la plupart de leurs cadets d’aujourd’hui.
Abraham Kayoko Doré