Dimanche, 21 septembre 2025, les Guinéens ont approuvé par référendum, la Constitution, la septième de leur pays depuis 1958. A en croire Dame Djénebou Touré, patronne de la Direction Générale des élections, le taux de participation a été de 89,38%, le Oui et le Non ont recueilli respectivement 86,42% et 10,62%.
Durant l’élaboration du projet de constitution, la campagne et le vote référendaire, le système électoral a connu de profondes innovations. Qui ne se souvient des interminables causeries oiseuses et des tracasseries harassantes qui ont précédé les différentes consultations organisées en Guinée depuis l’instauration du multipartisme en 1992, après les années de plomb sous la Révolution. La mobilisation des fonds auprès des partenaires techniques et financiers, l’identification et le recrutement par appel à candidature d’un opérateur ont constamment fait l’objet de chamaillerie entre acteurs politiques de la majorité présidentielle et de l’opposition, ce qui a accru inutilement la période électorale. Ces logorrhées, on n’en a point connue cette fois-ci.
Le choix du MATD et la création de la Direction générale des élections ont suscité, bien sûr, des cris d’orfraie de l’opposition politique et une partie de la société civile. Cette levée de boucliers suggère que l’organisation d’une élection ne peut être assurée par un proxy de l’administration, en toute efficacité et impartialité requises. A cette inquiétude non infondée si on oppose la malheureuse expérience des CENI en Guinée et ailleurs en Afrique. L’organisation calamiteuse de la présidentielle de 2010 reste dans les esprits. A l’époque, les actuels leaders de l’opposition qui vouent aux gémonies le MATD étaient vent debout contre la CENI. Où est le problème ? A l’échelle humaine ou institutionnelle ?
Par ailleurs, la CENI s’est révélée comme une institution budgétivore. Ses frais de fonctionnement (personnels, équipements, missions etc.) ont coûté cher à l’État, sans contrepartie évidente. Il faut dire qu’au Sénégal, l’administration publique a toujours organisé et bien organisé les élections. On peut hasarder que l’expérience des CENI ou CEI n’aura pas été probante. À quel saint se vouer ? À quelle joueuse de cauris se confier ? Quels contefili !
L’absence d’opérateur extérieur aux prestations onéreuses est aussi une innovation majeure. Jusqu’ici, le processus a toujours requis un opérateur pour appuyer la CENI. Malheureusement, les résultats n’ont pas toujours été à la hauteur des attentes de l’opposition. Cette absence n’a pas l’air d’avoir affecté négativement la qualité du processus, au surplus, cela a généré de toute évidence un gain financier appréciable. Force est d’admettre que les opérations de dépouillement et de publication des résultats globaux provisoires ont été conduites avec plus de célérité que d’ordinaire. On se rappelle que la CENI a mis parfois plus d’une semaine, voire davantage, pour proclamer les résultats provisoires de certaines élections. Ce qui a créé le doute dans l’esprit des uns et des autres, entraînant méfiance et défiance à l’égard de l’autre avec qui on ne partage pas la même opinion politique. L’opposition a même parfois glosé sur «la cuisine électorale de ceux qui préparent le scrutin».
Le temps permettra d’évaluer la qualité de l’apport des innovations à l’évolution du processus électoral.
Abraham Kayoko Doré