Lundi 8 septembre, la ville de Lola, en Guinée-forestière, a été le théâtre de violents affrontements entre agents de force de l’ordre et de jeunes manifestants. Une histoire de saisie de carburant dans le marché noir en est la cause principale, selon l’autorité locale.

Tout est parti lorsque des gendarmes venus de Nzérékoré chef-lieu de région, situé à 40 km à l’ouest de la ville, sont venus pour, disent-ils, saisir du carburant «frauduleux » des mains de certains commerçants, selon Benjamin Doré, président de la délégation spéciale de Lola. L’incident est survenu à un jour de marché et dans une atmosphère de préparation de la campagne référendaire. Lola ville grouillait du monde. Jets de pierre contre gaz lacrymogène, les jeunes se sont attaqués aux installations de la campagne référendaire (chaises, bâches et podium). Ils auraient même brûlé un pick-up des Forces de défense et de sécurité. Des femmes ayant inhalé du gaz lacrymogène ont été hospitalisées à l’hôpital préfectoral.

Benjamin Doré a expliqué que les gendarmes venus de Nzérékoré n’avaient aucun mandat, aucun document signé ni un ordre de mission. « Ce qui m’a énervé, c’est que nous les présidents des délégations spéciales, nous sommes en compétition, nous sommes en train de préparer l’arrivée de 8 ministres à Lola. Pendant que nous étions dans les préparatifs, les gendarmes font irruption, pour s’attaquer à la population. Le préfet n’est pas informé, même la gendarmerie d’ici (Lola Ndlr) n’est pas informée. Ils ont continué sur le terrain, ils ont commencé à saisir plus de 24 bidons et des téléphones. C’est quand ils ont commencé à tirer le gaz lacrymogène que les femmes ont commencé à fuir. C’était le sauve-qui-peut. Elles ont abandonné leurs marchandises, d’autres ont même perdu de l’argent. On voyait des mamans pleurer, en rentrant à la maison. Quand je suis arrivé, j’ai demandé : ‘’Qui vous a envoyé ? Donc, vous êtes contre le président de la République, le général Mamadi Doumbouya ?’’ Je leur ai dit de replier. Ils ont continué. Pendant ce temps, la jeunesse s’est mobilisée pour jeter des pierres ».

Selon le président de la Délégation spéciale de Lola, les jeunes ont confondu le véhicule du commandant du camp militaire au pick-up des gendarmes venus de Nzérékoré, alors qu’il venait à leur secours. C’est dans cette nervosité qu’ils se sont attaqués aux matériels de campagne. Selon des informations, des femmes se procurent du carburant au Libéria, pour venir revendre à Lola.

Ce n’est pas la première fois

Benjamin Doré affirme que c’est la 4ème fois que les gendarmes viennent tomber sur sa population, prendre le carburant pour envoyer à Nzérékoré, sans suite. Selon lui, pour la première fois, ils (gendarmes) ont pris 15 millions de francs guinéens, plus de 5 bidons de 20 litres et deux téléphones. Le lendemain, une forte délégation des jeunes et des commerçants, le président de la délégation spéciale sous la direction du patriarche, se sont rendus à Nzérékoré. Histoire de rendre compte au Gouverneur, mais le dossier a été classé sans suite. « Pour une deuxième fois, ils ont pris le carburant, cela a créé une forte tension dans la ville. Il y a un mois, les gendarmes étaient venus prendre 82 fûts de 200 litres chacune, remplis de carburant dans deux camions Kia moteur. Le propriétaire les a intercepté, ils lui ont demandé 100 millions, le monsieur a répondu qu’il n’avait pas cet argent. Il a proposé 10 millions qu’ils ont acceptés. Quand le monsieur a donné les 10 millions, ils ont pris l’argent, mais ne lui ont pas rendu sa marchandise. Arrivé à Nzérékoré, les gendarmes lui ont réclamé 10 millions supplémentaires qu’il leur a remis. Malgré tout, le revendeur a perdu et les 20 millions et sa marchandise de 82 fûts de carburant », a confié le président de la délégation spéciale.

Au moment où nous allions sous presse, le calme est revenu à Lola. Le président de la délégation spéciale, Benjamin Doré, nous a confié que « les autorités de haut niveau ont promis de prendre des mesures pour éviter pareil incident dans le futur ».

Mamadou Adama Diallo