Ce dimanche 21 septembre, près de sept millions de Guinéens sont appelés aux urnes pour se prononcer sur une nouvelle Constitution. Dans plusieurs quartiers de Conakry, le scrutin se déroule dans un calme apparent, mais la participation reste timide à la mi-journée, notamment à Yattayah et Sonfonia.

À Yattayah, secteur T6, un centre de vote entier a été transféré en raison du mauvais état des infrastructures initialement prévues. Les électeurs sont désormais accueillis à la mosquée de Missira, à quelques mètres du rond-point de la T6. Sept bureaux de vote y ont été installés, mais l’affluence reste faible aux alentours de midi. Après un début de matinée marqué par l’arrivée des premiers votants, les électeurs se succédaient ensuite au compte-gouttes.

Selon Boubacar Chérif Koumta, président du bureau de vote n°6 du centre Cour Voltaire délocalisé à Missira, toutes les dispositions ont été prises pour garantir le bon déroulement du scrutin : « Très tôt le matin, l’équipe s’est mobilisée pour le contrôle et l’installation. Nous avons ouvert le bureau à 7h35 précisément. Depuis, l’engouement est là, même si les gens viennent lentement. Nous espérons qu’à 18h 00, tout se passera sans incident. »

Dans ce bureau, 432 électeurs sont inscrits. À la mi-journée, près de la moitié avait déjà accompli son devoir citoyen. Concernant la délocalisation, Boubacar Chérif précise : « Les salles de classe prévues initialement étaient dans un état de délabrement avancé. C’est pourquoi nous avons choisi la mosquée de Missira, un lieu plus viable et connu de tous. » Il ajoute que la population a été informée à l’avance par le biais des mosquées et des lieux publics.

Entre résignation et discipline

Si d’aucuns s’acquittent de leur devoir par conviction, d’autres restent sceptiques. Abdourahmane Diallo, rencontré sur place, explique avoir voté « malgré lui » :« Que je vote ou pas, ils feront ce qu’ils veulent. Depuis le début de la transition, 99 % des promesses n’ont pas été tenues. Alors pourquoi ce référendum serait différent ? » Il dit avoir voté parce que sa carte a été transférée au centre de vote et il ne pouvait la retirer sans avoir voté.

Pour d’autres, la consigne est claire : voter « Oui ». Deux jeunes, ayant requis l’anonymat, confient : « Ici, on nous a dit de voter Oui. Si on veut que notre quartier se développe, autant faire ce que les autorités demandent. »

À l’inverse, des électeurs du quartier comme Aïssatou Diallo ont choisi de ne pas se déplacer : « Tout est fait pour que le Oui l’emporte. Alors, autant rester à la maison et m’occuper du ménage », explique-t-elle.

Sous haute surveillance

Dans les rues, le climat reste calme, mais la présence militaire est visible. Un hélicoptère de l’armée a survolé le rond-point de la T6 tandis que des patrouilles mixtes des forces de défense et de sécurité sillonnaient l’axe allant de la T6 à la T8.

La circulation automobile reste bloquée, obligeant les usagers à recourir aux motos-taxis, qui profitent de la situation et qui circulent sans aucun contrôle. Les commerces, stations-service et restaurants sont restés fermés, à l’exception de quelques étalagistes au marché de Sonfonia. Les prix des condiments y ont presque doublé, selon les riverains.

Malgré des désagréments logistiques, aucune manifestation ni incident n’a été signalé dans cette zone à la mi-journée. Le scrutin se poursuit jusqu’à 18h 00, heure de clôture officielle des bureaux de vote.

Abdoulaye Bah