Dans deux décisions simultanément prises le 29 août à l’attention des médias d’État et du privé, la Haute autorité de la communication demande une couverture médiatique équitable et contradictoire de la campagne électorale pour le référendum constitutionnel officiellement lancée ce 31 août à travers la Guinée. Un rétropédalage, après que l’instance de régulation a intimé la presse de couper la parole aux partis politiques suspendus par le gouvernement. 

Le 27 août, lors d’une réunion avec les responsables des médias et associations de presse, le président de la HAC avait enjoint les journalistes « d’éviter de recevoir des entités non reconnues par l’État ou en conflit avec la loi ». En clair, Boubacar Yacine Diallo leur intimait ainsi de ne pas offrir une tribune d’expression aux partis suspendus ou dissous par le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation (MATD) durant la campagne référendaire.

Une sortie qui a aussitôt suscité de vives critiques de la part du syndicat de la presse, de la société civile et autres défenseurs de la liberté d’expression. L’Union des journalistes de la presse libre africaine (UJPLA) a dénoncé une décision « incompréhensible », soulignant que la charte de la transition elle-même garantit la liberté d’expression. « Cela empêche le vrai débat », a estimé son président, Yao Noël.

Deux jours plus tard, la Haute autorité de la communication a fait volte-face. « Les organes de presse privés radios, télévisions, journaux imprimés et sites d’informations couvrent la campagne du Référendum du 21 Septembre 2025 », précise l’article 1er de la décision adressée aux médias privés.

« Durant la période de la campagne référendaire, les organes de presse privés doivent veiller au respect du principe de l’accès équitable à leurs antennes, colonnes et pages, aux tendances engagées dans la campagne»,  renchérit l’article 2. L’instance de régulation de la presse appelle au respect des principes d’impartialité, d’égalité, de neutralité et d’équilibre.

Un rétropédalage certes salué par le SPPG, Syndicat de la presse professionnelle de Guinée et perçu comme une avancée en faveur du pluralisme politique.  

Le gouvernement a suspendu les ténors de l’opposition : l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, l’UFR de Sidya Touré et le RPG Arc-en-ciel, ancien parti au pouvoir.

« Vous ne devez pas donner la parole aux partis politiques et structures en conflit avec la loi, qui sont interdits de fonctionner… Quand une structure est interdite, vous n’avez pas le droit de lui donner la parole en tant que structure », disait Boubacar Yacine Diallo. Les sujets liés à la campagne pour le référendum constitutionnel « ne peuvent être traités dans les émissions interactives », avait-il ajouté.

Après le vote, les médias sont astreints également de ne relayer que les résultats officiels publiés par la Direction générale des élections et confirmés par la Cour suprême.  

Abdoulaye Bah