Le jugement de Mohamed Saïdou Bangoura alias Singleton s’est ouvert ce 3 septembre devant le tribunal correctionnel de Coyah. L’artiste, au gnouf depuis le 1er septembre, a plaidé coupable des accusations « d’homicide involontaire» articulées contre sa personne. 

L’accident de Toguiron, le 28 août, impliquant Singleton (grand soutien du CNRD) dans lequel un septuagénaire a perdu la vie, n’a pas fini de faire couler encre et salive. L’artiste s’est rendu à la justice le 1er septembre, son procès s’est ouvert ce 3 septembre. A la barre, Singleton a demandé pardon à la famille de feu Mohamed Lamine Traoré : « Je n’ai pas fait exprès. Je sortais du virage de Toguiron, j’ai soudainement vu une personne tomber devant moi. J’ai essayé de freiner, mais il pleuvait, le vieux s’est retrouvé sous la voiture. Elle l’a traîné. Je sais que la victime a souffert avant de mourir. Je suis vraiment, vraiment désolé, je demande pardon à sa famille, à la justice et au peuple de Guinée. Si je savais que cela allait se produire, je n’allais pas sortir ce jour.»

«J’étais paniqué…»

L’attitude de Singleton sur les lieux de l’accident a choqué plus d’un. Au lieu de porter secours à la victime, il se serait enfermé dans son véhicule, protégé par des militaires des Forces spéciales. Ceux-ci auraient même empêché les riverains de  secourir la victime, intimé la police routière de ne pas faire le constat, selon le ministère public. Devant le juge, l’artiste, en larmes, met son comportement au compte de la panique : « Le choc était tel que j’ai perdu la lucidité. Je ne suis pas sorti du véhicule, j’avais peur, j’étais paniqué. Je tremblais, que faire. La peur a fait que je n’ai pas osé sortir du véhicule.» 

Le prévenu a aussi tenté de démonter l’affirmation selon laquelle l’excès de vitesse était à l’origine de l’accident. « J’étais dans un virage, je sais qu’on ne roule pas n’importe comment dans un virage. C’est la victime qui venait vers moi, j’étais sur ma ligne.» Le représentant du ministère public de rappeler au prévenu son manque d’humilité depuis cette affaire : « Un artiste est un miroir, avec humilité, vous seriez descendu pour porter assistance à la victime.» Singleton nie catégoriquement rouler avec un cortège des Forces spéciales : « L’accident a coïncidé avec leur passage, ils m’ont aidés, en transportant la victime à l’hôpital.» Mais, pour Me Moussa 2 Keïta, un des avocats de la partie civile, le prévenu cherche juste à se soustraire de la justice : « Singleton se sentait tellement fort qu’il ne s’attendait pas à être ici. Il fait ce qu’il veut dans la circulation. Il a un véhicule non immatriculé, non assurée, même son permis de conduire n’est pas dans le dossier de la procédure.»

Singleton aurait tenté de nier

Après la déposition du prévenu, Mohamed Traoré, frère de la victime, a donné sa version des faits. Il a dénoncé le comportement de l’artiste sur les lieux de l’accident et les jours qui ont suivi « du jeudi soir au vendredi à 11h, ni lui ni sa famille n’ont cherché à rencontrer la famille de la victime.» Mohamed Traoré révèle que l’artiste aurait tenté d’imputer l’accident aux agents qui ont déposé le corps de son frère à l’hôpital : « Nous avons cherché le numéro de Singleton le vendredi, la coordinatrice de la police routière l’a appelé. Il lui a dit qu’il n’est pas l’auteur de l’accident, il lui dit que ceux qui ont laissé leurs contacts à l’hôpital, en sont les auteurs. Il a finalement avoué, mais dit à la policière qu’il n’a pas le temps de rencontrer la famille.» L’artiste aurait tenté par la suite d’étouffer l’affaire : « Trois personnes se sont présentées en famille dans la soirée avec 2 millions de francs guinéens pour demander pardon en son nom. La famille a refusé l’argent parce que nous préférons la justice. Pour nous, Singleton a manqué du respect à la famille.» 

La famille Traoré décide finalement, avec la pression d’influents fils de la Basse-Côte, dont Souna Yansané de Kaloum, de pardonner au prévenu : « La famille Traoré ne peut que pardonner parce que Singleton ne peut pas ramener notre frère.»

Au moment où nous écrivions cet article, le procès se poursuivait.

Yacine Diallo