Le 29 octobre, à son siège de Kaloum, la Haute autorité de la communication a célébré son 33e anniversaire. L’institution chargée de la régulation des médias, a placé le rôle des réseaux sociaux pendant les sélections au cœur de la fête.

Créée en 1992 sous le nom Conseil national de la communication, la Haute autorité de la communication aura traversé bien des épreuves pour atteindre sa période de maturité. L’institution, malgré les balbutiements, a su maintenir le cap. Elle a soufflé, mercredi 29 octobre, son 33ème bougie à la veille d’une élection présidentielle cruciale. D’où le thème : « La régulation des réseaux sociaux en période électorale. » Présidée par le Premier ministre, Amadeus Oury Bah, la cérémonie a réuni anciens présidents, anciens membres du CNC, de la HAC, présidents des associations de presse, responsables de médias publics et privés. Elle a démarré par la projection d’un film documentaire sur les étapes marquantes de l’évolution de l’institution : du Conseil national de la communication à la Haute autorité de la communication.

Le prési de l’institution, Boubacar Yacine Diallo, a rendu un hommage appuyé aux pionniers de la liberté de la presse en Guinée. BoubaYacine cite notamment le défunt Prési de la roue-publique, Fory Coco, mais aussi des opposants farouches à son régime : « Cette avancée n’a été possible que parce que le Président de la République l’a acceptée. Et ce Président de la République, c’est le général Lansana Conté. C’est lui qui a permis la libéralisation de l’espace audiovisuel en Guinée… Il y a beaucoup d’acteurs anonymes qu’on ne cite souvent pas. Je parle sous le contrôle du Premier ministre, Bah Oury. J’ai bien le souvenir qu’il fait partie de ceux qui ont organisé la première manifestation publique pour réclamer la libéralisation des ondes. Je pense notamment au doyen Bâ Mamadou, au professeur Alpha Condé, à Jean-Marie Doré,…à tous les opposants historiques. Ils ont fait la première grosse manifestation et ont saisi les organisations internationales pour conditionner l’aide à la Guinée à la libéralisation des ondes. »

Il cite aussi d’autres pionniers ayant marqué de leur empreinte le combat pour une liberté de la presse effective en Guinée. Entre autres, les anciens ministres Hervé Vincent, Fodé et Kiridi Bangoura. L’ancienne patronne de la RTG, Aïssatou Béla Diallo, le fondateur et administrateur général du groupe Lynx-Lance, Diallo Souleymane. Des satisfécits ont d’ailleurs été décernés à la plupart de ces personnes, à titre anthume et posthume.

La HAC changera bientôt de nom

Le président du Conseil national de la transition, CNT, ne s’est pas fait conter l’évènement. Dansa Kourouma, en tant qu’invité de marque, annonce le passage de la Haute autorité de la communication à la Commission nationale de régulation de la communication et de l’audiovisuel, tel que prévu dans la nouvelle Constitution. Selon lui, le texte est déjà en phase d’examen : « La nouvelle loi sur la Commission nationale de la communication et de l’audiovisuel, nous nous apprêtons à l’examiner la semaine prochaine, ça se fera avec vous. Nous allons travailler ensemble à travers un dialogue tripartite : les professionnels des médias avec à leur tête la HAC, les journalistes qui seront choisis comme experts, les membres du parlement, l’administration publique et les acteurs de la justice. Les quatre éléments vont s’asseoir pour discuter, examiner tous les compartiments, la configuration de cette nouvelle institution…dans un nouveau contexte politique marqué par la refondation des institutions. » Il appelle les hommes de médias à ne pas laisser d’autres faire les lois à leur place : «Nous ne laisserons pas les législateurs définir les lois selon leur volonté, nous devons être présents. L’Assemblée représente le peuple, les différents composants de la société, et vous la presse. Vous êtes une composante essentielle de la société. »

Selon le prési du CNT, cette nouvelle commission s’occupera de tout ce qui est numérique, contrairement à la HAC qui n’en avait pas les prérogatives : « Dans les attributions de cette nouvelle institution, en plus des attributions classiques de l’autorité de régulation, il y a le rôle de veiller à la bonne administration de l’espace numérique, notamment les réseaux sociaux. » Et le Premier ministre Amadeus Oury Bah de renchérir : « On ne sait même plus quoi dire. La presse, la communication, le numérique, les réseaux sociaux. Il y a tellement de choses qui ont complètement bouleversé le monde. L’espace concernant une autorité de régulation de ce vaste monde, qui est en perpétuelle mutation, devient maintenant stratégique, sécuritaire. La commission qui va être mise en place aura un rôle de plus en plus accru, parce qu’on en revient aux fondamentaux ».

La cérémonie a été clôturée par un panel sur la régulation des réseaux sociaux en Guinée.  

Yacine Diallo