La tension ne baisse pas dans la préfecture de Lola entre agriculteurs et éleveurs. En une semaine, deux éleveurs ont été tués, des blessés, plusieurs bœufs abattus dans les villages relevant principalement de la sous-préfecture de Lainé et de Gama-Béréma, selon l’association des éleveurs. À ce jour, la peur et la méfiance habitent les éleveurs ayant abandonné leurs troupeaux de bœufs en brousse.
Dans la nuit du samedi 25 octobre, un jeune éleveur du nom de Demba Sangaré a été tué par balles, son grand frère, Dramane Sangaré, grièvement blessé a été évacué à l’hôpital de Nzérékoré, a indiqué Mamadou Bamba, chargé de la gestion des conflits entre éleveurs et agriculteurs en Guinée-Forestière. Il explique que ces deux jeunes éleveurs étaient couchés dans leur parc, alors que les bœufs étaient dans l’enclos, lorsque les agresseurs les ont surpris la nuit et ont tiré sur eux. Selon lui, le corps de Demba se trouve encore à la morgue, en attendant une autopsie réclamée par le juge de paix de Lola pour établir la cause du décès. « Tous les bœufs sont abandonnés en brousse, personne n’ose aller là-bas actuellement de peur d’être tué. Nous ne sommes pas en sécurité », a dit Bamba, affirmant avoir perdu plus de 230 bœufs. « Aujourd’hui, je n’ai pas accès à mon parc pour vérifier ce qui reste. On tue les bœufs, on tue les gens, au lieu d’y aller et qu’on tire sur toi, il vaut mieux sauver sa peau », raconte le chargé de la gestion des conflits entre éleveurs et agriculteurs, joint au téléphone. Il ne sait plus à quel saint se vouer.
La semaine dernière, l’éleveur Sambo Sangaré, 40 ans, avait été violemment battu à Demgbesso par des villageois. Hospitalisé à l’hôpital régional de Nzérékoré, il a succombé de ses blessures. Un autre éleveur vivant dans la zone de Guéasso, bien que n’étant pas encore victime du courroux des villageois, vit dans la peur. Il ne prend pas le risque de se rendre en brousse seul. Cela fait quelques jours, il n’a pas aucune nouvelle de ses bœufs. « Je n’ai pas entendu qu’ils ont attaqué mes bœufs, mais rien ne me rassure. Nous demandons à l’Etat de nous aider », a lancé le bouvier en détresse.
Rupture de viande rouge ?
Une crise de viande rouge profile à l’horizon à Lola, suite à l’abattage massif des bœufs dans les différents villages de cette préfecture. « Les gens n’ont pas accès à leurs bœufs, toutes les routes sont barricadées par les villageois. Tout le monde a peur d’aller dans son parc. Personne ne va prendre le risque d’aller chercher les bœufs, pour envoyer la viande en ville », a déclaré Mamadou Bamba qui demande plus de sécurité.
La présence qui ne dissuade pas ?
Le ministre l’Élevage Félix Lamah séjourne dans la région depuis plus d’une semaine, mais la tension n’a pas baissé. En conférence de presse, le ministre a affirmé que son département travaille sur la filière bétail et viande depuis le mois de février dernier. Même que les forces de défense et de sécurité sont déjà déployées dans les sous-préfectures de Lola, pour sécuriser les zones et faire sortir les troupeaux. « En collaboration avec la fédération, nous avons identifié des zones tampons pour accueillir les bœufs des éleveurs guinéens ». Félix Lamah dit avoir invité à regagner les villes, pour leur sécurité. « Il est facile de rembourser un bœuf, mais on ne peut pas remplacer une vie humaine. C’est pourquoi, j’ai conseillé aux bouviers de laisser les forces de sécurité gérer la situation pour l’instant », s’est-il exprimé à Nzérékoré. Félix Lamah se tourne vers la région de la Haute-Guinée pour ravitailler Nzérékoré en viande, en attendant une solution à la crise à Lola.
Mamadou Adama Diallo


