Du 6 au 10 octobre, Expertise France organise, dans un réceptif hôtelier de Conakry, une formation à l’intention d’une trentaine de journalistes et blogueurs sur la migration irrégulière et la traite des êtres humains. La session, organisée dans le cadre du projet « accompagnement, mobilité, insertion et sensibilisation (AMIS) », est financée par l’Union européenne à près de 20 millions d’euros.
La Guinée reste l’un des pays où la migration irrégulière et la traite des êtres humains persistent encore. Pour minimiser ces phénomènes voire les neutraliser, des organisations non gouvernementales s’organisent. C’est dans ce cadre qu’Expertise France, en partenariat avec ENABEL et l’Union européenne, a réuni journalistes et blogueurs pour un atelier de formation de 5 jours. Histoire d’outiller les participants sur la prise en charge des victimes et la communication sur la migration et la traite des êtres humains. La cérémonie d’ouverture a été présidée par Abdoulaye Baldé, vice-président du Comité national de lutte contre la traite des personnes et des pratiques assimilées. Durant la session, les discussions tourneront autour des thématiques telles que : l’impact de la couverture médiatique sur la perception de la migration ; lutte contre la désinformation et techniques de fact-checking ; l’éthique et la responsabilité des journalistes face aux enjeux migratoires ; les techniques d’interview et d’investigation sur les questions de migration et de traite ; la collaboration entre médias et institutions pour un discours cohérent sur la migration et la traite des êtres humains ; les attributions et missions de la HAC ou encore les médias et droits humains.
Apprendre à mieux communiquer
Idrissa Tamboura, chef de projet AMIS, déclare que l’atelier est une occasion pour partager différentes expériences et aider les journalistes à améliorer leurs rendus sur la migration irrégulière et la traite des êtres humains : « Nous voyons tous les jours des reportages sur des milliers de jeunes qui sont sur les routes de la migration irrégulière, notamment à la Méditerranée centrale, où ils vivent des situations atroces. Il s’agira pendant ces 5 jours pour nous d’apprendre à mieux communiquer sur ces phénomènes, pour que cette jeunesse à la recherche du mieux-être, puisse être informée sur les risques et les méfaits qui entourent ces phénomènes. »
L’Union européenne intervient dans le domaine migratoire en Guinée dans sur trois axes : Renforcer la gouvernance des migrations, réintégrer durablement les personnes migrantes de retour en Guinée, prévenir les risques liés à la migration irrégulière et à la traite des êtres humains. Selon Paulo Barroso, chef de section politique à la Délégation européenne, vaincre la migration irrégulière et la traite des personnes passe forcément par la « sensibilisation et la formation de la population. » Il estime que ce rôle devrait être joué notamment par les hommes des médias : « Votre rôle, chers journalistes et blogueurs, est absolument central dans ce contexte. Surtout dans ce troisième axe, informer et sensibiliser la population. Les médias façonnent la perception de la migration. Ils ont la capacité d’informer, de prévenir, mais aussi parfois, involontairement, de renforcer des stéréotypes ou de diffuser des informations inexactes. La migration n’est pas un simple phénomène statistique. C’est avant tout une réalité humaine, souvent liée à des histoires de souffrance, de courage et d’espoir. Derrière chaque parcours, il y a une famille, un projet de vie, parfois un drame. En parler exige rigueur, humanité et responsabilité. D’où la nécessité d’une telle formation » pour les journalistes.
Dénoncer l’arbitraire, les sévices, les traitements inhumains
Selon Paulo Barroso : « C’est précisément l’objectif de cet atelier, vous donner les outils pour mieux identifier et combattre la désinformation, adopter une approche responsable et documentée dans vos productions et renforcer votre compréhension des enjeux éthiques liés à ces thématiques qui sont des thématiques sensibles. »
Abdoulaye Baldé, vice-président du Comité national de lutte contre la traite des personnes et des pratiques assimilées, de renchérir sur l’importance des journalistes dans la lutte contre ces pratiques : « Cette noble mission, poursuivie par le projet et ses partenaires, ne peut réussir sans vous, chers journalistes. Vous êtes les voix des sans-voix, les regards et le rempart de notre société. Vos reportages, vos enquêtes et la qualité de vos communications façonnent la perception du public sur le phénomène de la migration. Trop souvent, les récits migratoires sont déformés par des stéréotypes ou des approximations. Trop souvent, la traite des êtres humains est reléguée à l’arrière-plan de l’actualité nationale pendant que sur les routes migratoires, nos compatriotes subissent l’arbitraire et les pires sévices et traitements inhumains. »
Yacine Diallo