Le 12 octobre, le ministre des Transports, Ousmane Gaoual Diallo, a conféré, à son domicile, avec la presse guinéenne. Au menu, l’idylle Cellou Dalein Diallo-Alpha Condé, présidentielle du 28 décembre prochain, indisponibilité du Code électoral….
Alors que le Premier ministre, Amadou Oury Bah et autres ministres parcourent le pays pour, officiellement, remercier populations et notabilités d’avoir voté Oui à la nouvelle Constitution, Ousmane Gaoual Diallo réunissait des journalistes triés sur le volet dans sa résidence, pour évoquer des sujets brûlants de l’actualité. Le porte-parole du gouvernement a été particulièrement en verve au sujet de l’Union des forces démocratiques de Guinée et son président et adversaire du moment.
En séjour aux Etats-Unis d’Amérique, Cellou Dalein Diallo a tenu un meeting à New York le 4 octobre. Puis une conférence une semaine après à la Sorbonne, à Paris. A l’occasion, le conférencier a décoché des flèches contre la junte militaire soupçonnée de vouloir confisquer le pouvoir. Questionné sur ses relations avec Alpha Condé, l’ancien Premier ministre a admis être en contact direct avec l’ancien Président, celui qu’il a combattu de 2010 à 2021.
En réaction, Ousmane Gaoual Diallo dit ne pas en être surpris : « Ce qui est dommage, c’est de le dire de façon si brutale pour toutes ces familles de victimes que nous avons enregistrées. Je pense que la plupart de ceux qui ont réagi ont été choqués. » Le porte-parole du gouvernement reproche à son ancien mentor, en exil, d’attendre qu’Alpha Condé quitte le pouvoir pour se rapprocher de lui. « Si vous êtes capable de parler si gentiment, pourquoi on a maintenu ce pays en crise pendant 11 ans alors que vous pouviez parler, vous êtes des potes. C’est comme ce que nous sommes en train de vivre aujourd’hui. Demain, il va sortir taper le Président sur le dos, en disant que c’est mon frère. Si ça c’est possible, pourquoi en période normale vous ne vous asseyez pas pour discuter du pays ? » s’interroge l’ex-coordinateur de la Cellule de communication de l’UFDG.
L’UFDG, soutien de Doumbouya ?
En conflit ouvert avec Ousmane Gaoual Diallo qui conteste son exclusion, l’UFDG a fini par être suspendu par le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation. Le MATD ordonne au principal parti de l’opposition de réintégrer le ministre Gaoual. Il lui reproche également la non-tenue de son congrès. La suspension de l’UFDG empêche Cellou Dalein Diallo, qui a déjà maille à partir avec la CRIEF (Cour de répression des infractions économiques et financières), et son parti de participer à la prochaine présidentielle. Le leader de l’UFDG a déjà fait savoir qu’il ne prendrait part à aucune élection dans les conditions actuelles.
Mais à en croire Ousmane Gaoual Diallo, le parti ira aux élections, en allié à Mamadi Doumbouya : « L’UFDG fera partie de l’élection présidentielle. Mais c’est peut-être Cellou qui ne sera pas candidat, c’est tout. Nous, on est déjà là, nombreux, on en fera partie. J’ai dit depuis trois ans que nous apportons notre soutien au président de la République, en tant que parti politique… Aujourd’hui, la grande majorité des militants du parti considèrent qu’ils ne sont plus un parti de l’opposition, mais de la mouvance. »
Le ministre porte-parole du gouvernement, accusé d’être à la base des ennuis judiciaires de l’UFDG, indexe les responsables du parti. « Le problème de l’UFDG ne se limite pas au congrès. Il y a un problème financier, je l’ai déjà souligné par le passé : on n’a pas été capables de montrer un compte bancaire où l’on fait des mouvements financiers. Il y a eu des problèmes de faux en écriture. On a fourni au MATD un document attestant qu’en 2020, le 6 septembre, on aurait fait une convention pour reconduire les membres du Bureau exécutif national. Ce document était faux, il a donc été rejeté. »
Directeur de campagne sans candidat
Adopté à la va-vite par le Conseil national de la transition le 26 septembre dernier, le nouveau Code électoral a été promulgué le lendemain par le Président de la transition. Mais depuis, le texte est introuvable. Plus d’un craint que des falsifications interviennent après la promulgation. Le porte-parole du gouvernement tente de se défendre : « Je vais peut-être violer un secret. Ce Code, on l’a reçu en Journal Officiel. Peut-être qu’il n’est pas encore distribué, mais le texte est disponible. Il n’est pas encore massivement imprimé… Si tu caches le code électoral, tu n’organises pas d’élections. Les gens ont besoin de comprendre les règles du jeu. Je ne sais pas pourquoi ce n’est pas encore disponible pour le grand public. Mais peut-être que cette semaine, ça devrait l’être. » Le Secrétaire général du gouvernement devrait y apporter de réponse.
La candidature de Mamadi Doumbouya n’est pas encore officialisée, mais la bataille pour diriger sa campagne électorale fait déjà rage. Le Premier ministre, Bah Oury ; son prédécesseur, Bernard Goumou ; le président de la délégation spéciale de Matam, Badra Koné ou encore Ousmane Gaoual Diallo convoitent le poste. « C’est prématuré de dire qui est directeur de campagne sans candidat, rappelle à juste titre le conférencier. A ce niveau-là, on doit être un peu plus prudent. Mais on est nombreux à exprimer le désir de conduire la campagne du chef de l’État. Même en dehors du gouvernement, on a entendu certaines personnes un peu trop bruyamment s’exprimer. C’est légitime. »
Comme Bah Oury, Cellou Baldé et d’autres à l’intérieur du pays, Ousmane Gaoual Diallo semble déjà en campagne pour son patron.
Yacine Diallo