La construction des infrastructures pour le développement du projet Simandou affecte les communautés riveraines. Dans le cadre du suivi de ces impacts, le Comité de suivi de Kérouané a produit un rapport qui décrit les effets négatifs des travaux, non seulement sur l’environnement notamment la pollution des cours d’eau, de l’air, la destruction du couvert végétal, mais aussi sur les champs agricoles. Publié vendredi 3 octobre, le 6ème et 7ème rapport du Comité de suivi de Kérouané ressortent en détail les impacts du projet Simandou sur les activités génératrices de revenus des communautés.

Selon le Comité de suivi, au cours des deux derniers trimestres de 2025, il a documenté 14 impacts dont 2 cas collectifs dans les localités de Souloukoundenka, Tolomasso, Bananko, Djidou, Damaro de Farala. Ces impacts concernent globalement la perte des moyens de subsistance, la pollution des cours d’eaux, a indiqué Ansoumane Camara, président du Comité de suivi. Parmi les personnes touchées, dit-il, le Comité a enregistré 3 femmes dont une nourrice, toutes propriétaires de champs agricoles. Le rôle du Comité de suivi étant de contribuer au respect des droits de l’homme, a organisé pas moins de 6 séances de sensibilisation dans à Damaro,  Djidou et Bafouro, dans la commune urbaine de Kérouané. Les membres du Comité ont échangé avec 488 personnes dont 120 femmes. Ces échanges ont porté sur les enjeux et opportunités du projet Simandou. Ils ont aussi  discuté des droits et devoirs des communautés, les moyens de recours légaux ainsi que le processus de plaidoyer au niveau local.

Parmi les nombreux cas, la situation de Lanciné Cissé est emblématique. Mains sur les hanches, l’air désespéré, il a montré au Comité de suivi la boue déversée à travers une fosse, un peu partout dans son champ sur un bas-fond de plus 300 hectares. Avant la mise en place de la fosse, la famille n’a pas coopéré, histoire d’éviter ces impacts, selon le représentant de la famille, cité par le président du Comité de suivi qui ajoute que son comité a observé la réalisation de certains travaux en cours, pour éviter le déversement de la boue dans le champ. « Ces mesures prises ne serviront à rien pendant la saison pluvieuse, car les mêmes mesures ont été faites plus de trois fois, mais à chaque fois qu’il pleut, la pluie enlève ces barrages qui ne sont pas garantis », a déploré Lanciné Cissé.

Le Comité de suivi de Kérouané affirme que les mesures appropriées tardent à être prises par les parties concernées. « D’où la nécessité d’une intervention de la société civile aux côtés des communautés affectées, afin de promouvoir une exploitation minière responsable et respectueuse des droits humains ». Et d’ajouter : « Le Comité de Kérouané constate l’évolution des travaux du projet Simandou sur le terrain. Cependant, malgré les impacts positifs de ce projet, on constate ses impacts négatifs sur les droits des communautés et de l’environnement ».

Les acteurs du Projet Simandou vont-ils revoir le plan d’exécution de leurs travaux, pour en atténuer les effets néfastes sur les communautés riveraines et l’environnement ?

Mamadou Adama Diallo