Situé sur une bande de terre sablonneuse de la côte entre le Togo et le Nigeria, le Bénin œuvre actuellement pour donner fière allure à Cotonou, sa porte d’entrée qui se modernise. On pave çà et là, on bitume. Une coquette corniche offre des espaces piétonnes aux mordus de la nature pour une promenade de santé. Des monuments historiques flambant-neuf dont le plus en vogue est le « Monument de l’Amazone » dédié aux anciennes guerrières et résistantes ayant laissé des empreintes indélébiles dans l’histoire du pays attirent touristes et visiteurs. Des Afro-Américains débarquent par vagues successives à la recherche de leurs origines, leur arbre généalogique.
Ce pays de 114 763 km2, peuplé de près de 15 millions d’âmes, ne vit ni sur l’or ni sur la bauxite encore moins sur le diamant ou le cobalt, il résiste à la disette, grâce à une agriculture diversifiée : coton, anacarde, maïs, manioc, igname, banane y poussent. Le riz importé bout dans les marmites des étrangers peu habitués aux mets locaux. Les Béninois vivent de pâte d’igname, de manioc, de patates, bref des nourritures bio. La partie des récoltes exportée établit un pont d’échange de biens et services avec le Nigeria, le mastodonte de voisin. Avec peu de moyens, le Béninois vit dans l’ordre et la discipline. Les quartiers populeux manquent certes de charme, mais il y a la tranquillité. Malgré les délices de ce petit eldorado de l’Afrique de l’Ouest, la Guinée, notre paradis, terre de richesse et d’innovation, m’a manqué sérieusement en 18 jours d’absence. Et pour cause. Allons donc !
Une circulation bien régulée
Les Zémidjans, incontournables motos taxis, constituent le moyen de transport urbain par excellence. Ils circulent partout. Dans l’ordre et la discipline. Respect scrupuleux du code de la route. Et fait remarquable, aucun exploitant de taxi-moto ne circule sans deux casques. Le second appartient au passager. C’est une règle d’or. Les autorités ont réussi à imposer le port systématique de casque. Des peine et amende attendent tout réfractaire. Le législateur a élaboré des lois dans ce sens. Depuis 2024, la mesure s’applique aux conducteurs et aussi aux passagers. Élèves, écoliers, universitaires et cadres (en bois) dépourvus de teuf-teuf marchent toujours, casque en main.
Pour tester l’efficacité du système, j’ai coincé un conducteur de Zémidjan : « Je veux aller à Bip FM, vers la corniche ». Il répond : « Ok, vous payerez 200 FCFA ». Il me tend un casque. Je décline : « J’ai des maux de tête, je souhaite aller sans casque, ce n’est pas loin ». Surpris, presque tétanisé par ma réponse, il articule : « Monsieur, on dirait que vous êtes étranger. Ou alors vous êtes un amateur des commissariats ou des amendes. Je ne bougerai pas tant que vous ne portez pas le casque ou vous descendez », dit-il sèchement. Il change de mine, marmonne des mots dans une des langues du terroir. C’est seulement lorsqu’il a vérifié que j’ai le casque bien vissé sur la tête qu’il a bougé. Pressé de me débarquer à destination. J’étais devenu un colis apparemment encombrant.
« Au Paradis », aucun conducteur de mototaxi ne vous forcera à porter un casque. Lui-même n’en n’a pas parfois. Ceux qui en ont, préfèrent l’attacher au parechoc de la moto. Et rouler la tête dans le vent. La mesure d’interdiction de circuler sans casque est encore en vigueur. Des flics de la circulation se battent parfois pour faire respecter la règle, mais font face à multiples obstacles qui finissent par les ramollir.
Radars contre « chauffards »
Des radars de contrôle vitesse mettent au pas tout conducteur impénitent qui viole le code de la route à Cotonou. Les autorités ont fait venir ces appareils qui mesurent la vitesse et flanquent des amendes à tous ceux qui ne respectent pas le code de la route. C’est en début d’année que l’Etat a acheté 55 radars, 55 Trucam II. Des appareils portatifs et fixes à même de mesurer avec précision la vitesse des véhicules, capturer images et données, notamment des plaques d’immatriculation, heure et lieu de la commission de la contravention liée à la violation du code de la route. Ces appareils fournissent des preuves fiables pour sanctionner tout contrevenant. Selon des sources, l’Etat béninois a débloqué une misère de 511 millions de F CFA. Les radars sont placés sur les axes routiers stratégiques, les routes à fort taux de circulation. Un investissement qui a payé. Les accidents de la circulation ont baissé de façon drastique, grâce aux radars et casques. Des études ont montré que 26 000 accidents de la route survenus au Bénin entre 2018 et 2023 sont dus aux excès de vitesse. Le port obligatoire de casque à réduit de 60 pour cent des traumatismes crâniens graves dus aux accidents. Au Bénin, les flics ne badinent pas avec le code de la route.
Au « Paradis », terre de richesses et d’innovations, les flics de la route font le maximum pour sauver des vies, mêmes si certains d’entre eux tendent la main en quête de billets de banque. Sous la pluie, le soleil, nuit et jour, la majeure partie se démène pour aider à sauver des vies. Mais, non équipés, ça ne leur facilite pas la tâche. Je ne suis pas catégorique, mais je suis certain qu’ils ne sont pas équipés de radars. Résultats : leur combat se heurte à des mauvaises pratiques en circulation qui coûtent des vies et causent des dégâts considérables.
Pas d’ordures ménagères dans les rues
Durant mon séjour, tant à Cotonou que dans les villes de province dans le sud, je n’ai vu de tas d’ordures dans les rues. Cotonou est géré par un système de collecte d’ordures régulier. Les autorités locales, maires, élus et autres sont associés au processus. Il y a des zones de dépôt et de ramassage. Il n’y a jamais d’accumulations d’ordures. Résultats ? Zéro ordure dans les rues jusque dans les quartiers populeux qui ne paient pas de mine, les artères sont dégagées, pas de déchets en vue. Lorsqu’il pleut, vous n’assistez jamais à un déferlement d’ordures enfantées sur la chaussée par les caniveaux en grossesse. Le secret : la volonté politique, l’appui financier des partenaires, la sensibilisation citoyenne.
Dans notre « paradis », pays de richesses et d’innovations, les gouvernants font des efforts pour venir à bout des ordures récalcitrantes qui bloquent la circulation. En dépit de l’interdiction, des amendes et de poursuites judiciaires, dans beaucoup de quartiers de Conakry, le populo continue d’ignorer les PME de collecte et de traitement d’ordures, déverse les ordures ménagères dans les rues. Le spectacle continue. Des résistances difficiles à vaincre, parce qu’ancrées dans les esprits.
Point de sachets plastiques en divagation
En 2017, les autorités béninoises ont interdit, de façon systématique, toute production, importation, commercialisation ou utilisation des « fooré sac » sur toute l’étendue du trottoir national. Des campagnes de sensibilisation ont aidé à asseoir la culture dans le pays. Le Bénin est cité en Afrique de l’Ouest comme un exemple en matière de politique de lutte contre les sachets plastiques. Tu veux boire de l’eau, c’est la bouteille qu’il faut acheter. Il y en a pour toutes les bourses. Dans les villes, dans les villages, nulle part des « fooré sac » en débandade.
Au « paradis », terre de richesses et d’innovations, les sachets plastiques sont certainement plus nombreux en circulation que l’ensemble de la population guinéenne. En zone rurale, ils constituent un véritable problème pour les éleveurs. Des bœufs et autres bovins qui avalent ces sachets sont condamnés à une mort certaine. Dans les grandes agglomérations, à Cona-cris, ces sachets se rencontrent partout. Un problème de pollution et de santé publique, selon les soi-disant spécialistes
Le tourisme solidaire de la nature
Les touristes visitent en nombre les merveilles cachées du Bénin. Dans le sud, la ville de Possotomè située à environ 80 km de Cotonou, est mise en valeur par des lacs à perte de vue, eux-mêmes bordés d’une verdure qui abrite une faune abondante. Vous déjeunez dans des maisons sur pilotis, sous lesquelles palpitent des centaines de variétés de poissons. Les exploitants de ces sites sont friands de billets de banque. Qu’à cela ne tienne, les randonnées touristiques ne vous donnent pas droit à violer des règles strictes établies pour tout visiteur. Primo, interdiction formelle des pirogues motorisées, interdiction formelle de crier ou de jouer la musique pour éviter de déranger les poissons qui circulent sous vos pieds, qui vous épient, vous narguent même parfois. Et puis, il est interdit de pêcher, outre les huitres. De belles forêts de mangroves sont protégées comme les prunelles des yeux s’étendent. Interdiction formelle de couper même une fleur à plus forte raison un arbre. C’est à ce prix que les propriétaires des sites touristiques acceptent de vous accueillir dans ces lieux paradisiaques où tout est fait à l’aide de matières du terroir. Avant de vous embarquer dans les pirogues non motorisées pour la randonnée, les guides prennent le temps de vous égrener toutes les règles de jeu. A respecter sans aucune forme de protestation.
Dans cette partie du Bénin, tous les hôtels sont faits en bois, en bambou et en sol latéritique. Peu de maisons en dur. Ce qui attire le client, c’est l’originalité. La communion avec la nature dans un environnement enchanteur, bercé par des chants d’oiseaux et le bruit des vents qui soufflent dans tous les sens. On eut dit des sifflements de serpent. Le calme des lacs, le va-et-vient de pécheurs forment un décor à couper le souffle. « Ici, les lieux et sites touristiques sont bien pensés. Nous nous inspirons du patrimoine et nous nous appuyons sur les ressources dont la nature nous a dotées. C’est ce qui impressionne les visiteurs », nous a dit un guide touristique de ces lieux paradisiaques.
Au « paradis », pays de richesses et d’innovation, le Mystère en charge du tout-risque se démène pour faire de la Guinée une destination privilégiée. Ça commence à donner. Mais, il faut repenser les initiatives pour rendre plus attrayants nos sites touristiques et leur donner la touche originale que le visiteur cherche, qu’il n’a pas chez lui. Le tourisme béninois a réussi ce pari.
Par Abou Bakr, le Béninois de circonstance


