Le 21 novembre, à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, le CIRD (Centre d’innovation et de recherche pour le développement), a lancé la campagne citoyenne pour mieux comprendre la justice transitionnelle. L’objectif est de vulgariser les messages de paix et la réconciliation à travers ses piliers : vérité, justice, réparation et non-répétition des violences. La cérémonie de lancement s’est déroulée dans un amphi de l’université.
Accompagné financièrement par l’Ambassade de France en Guinée, le CIRD déploiera des délégués venus de Conakry, Kankan, Kindia, Labé et Nzérékoré sur toute l’étendue du trottoir, pour sensibiliser non seulement les communautés, mais aussi les services de l’Etat sur la justice transitionnelle. Cela, à travers des conférences, des débats, des causeries éducatives.
Pour Pr Safiatou Diallo, fondatrice du CIRD, la Justice transitionnelle veut que soit rompu tout déterminant à la haine contribuant à la violence. « La violence dans le cadre typiquement guinéen, c’est une violence d’Etat surtout. Cette violence doit se communier en respect de la loi. Certes, l’État a le monopole de la violence légitime, comme l’écrit Max Weber, mais ce dont témoigne l’histoire de notre pays révèle-t-il de cette légitimité. C’est pourquoi, il ne serait pas vain que la campagne sur la justice transitionnelle trouve ses prolongements dans les services de l’État, notamment auprès des Forces de défense et de sécurité, les premiers acteurs de violence dans notre pays. Nous serons sensibles à tous les projets nous accompagnant dans ce sens. »

Pour arriver à ses fins, Pr Safiatou Diallo indique que le CIRD a engagé des experts en Méthodologie de construction de la paix, en vue de partager les bonnes démarches et d’accompagner les jeunes qui constituent l’espoir dans ce projet. « Au cours des prochains jours, les jeunes et les enseignants recevront des outils méthodologiques pour aller sur le terrain. Ils présenteront les différents piliers de la justice transitionnelle. Ils mettront l’accent sur la paix et la réconciliation, qui sont des objectifs visés par cette campagne de paix. La paix, disait quelqu’un, ce n’est pas un mot simplement, c’est un comportement. Et ce comportement se construit. Il exige la vérité. Il ne transige qu’au nom de la justice ».
Former les jeunes ou comment éviter de répéter les erreurs du passé
Pour Pr Momoya Sylla, vice-recteur chargé des Études à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, cette campagne appartient aux jeunes générations, assoiffées de comprendre l’histoire de la Guinée, pour ne pas répéter les fautes du passé. « Elle appartient à tous ceux qui croient que notre nation peut et doit transcender ses divisions. Certains voudront tourner la page trop vite, sans lire l’histoire. D’autres entretiennent la haine. Votre défi est de naviguer entre ses écueils, avec pour seul boussole, la quête de justice et le souci de la dignité humaine. Cette caravane est porteuse d’espoir collectif, qu’elle éclaire les zones d’ombre de notre histoire commune, pour nous permettre de marcher ensemble pour un avenir plus lumineux ».
Pour Luc Briard, ambassadeur de la France en Guinée, l’’intérêt de la Justice transitionnelle, c’est comment coupler le Droit et l’Histoire. « Évidemment, il y a d’autres matières, comme la Philosophie, comme l’Art, qui doivent disséminer, fertiliser le débat national. Je crois que nul autre que le Chercheur, que le Professeur, que le Docteur, d’un côté, et que le juge, de l’autre, doivent faire ce travail d’apaisement, en disant et l’histoire et le droit ». Il estime qu’il est temps de se débattre, de débattre ensemble pour abaisser la violence. Vaste programme !
Ibn Adama


