L’Organisation des Nations-Unies (ONU) a 80 ans. L’âge de la vieillesse et de la sagesse. Elle a donc pris des plis et des rides. Elle est aussi, à bien des égards, en déphasage avec son temps et sa mission initiale, dans un monde en perpétuelle et rapide mutation. Sa création répondait au souci de relever les défis liés à la coexistence pacifique entre les États dont les intérêts divergents provoquent parfois des conflits aussi dévastateurs que les deux premières guerres mondiales.

C’est donc dans un contexte marqué par les stigmates de la guerre et le postulat d’un avenir radieux que l’ONU est née. Les paradigmes sur lesquels ses instigateurs ont bâti son architecture, sa philosophie, sa vision et son programme allaient donc, au fil des années, devenir obsolètes et donc requérir des innovations. Après quatre-vingts ans de fonctionnement plus ou moins satisfaisant, cette exigence est dorénavant à l’ordre du jour. La pièce de l’architecture la plus critiquée, par le Sud global notamment les États africains, est le Conseil de Sécurité dont la composition est inique. Sur les 195 États, seuls 5 (États-Unis, Russie, France, Chine Royaume-Uni) sont membres permanents du Conseil de Sécurité avec droit de véto. Le continent africain avec ces 52 États ne cesse de revendiquer, avec véhémence, au moins un poste de membre permanent avec droit de véto. En vain !

Aussi, observe-t-on qu’aucune femme n’a jamais été élue Secrétaire générale de l’ONU. Les neufs secrétaires généraux qui se sont succédé sont tous des hommes. Il est curieux qu’une organisation qui promeut le genre n’ait jamais été dirigée par une femme. Une discrimination à réparer !

S’agissant des missions de l’ONU, on constate que l’organisation internationale est de plus en plus marginalisée dans le règlement des conflits entre les États. Les États-Unis, quelques États arabes et européens sont en train de résoudre le conflit israélo-palestinien, sans la participation de l’ONU dont les cris d’orfraies n’ont d’ailleurs jamais perturbé l’État hébreux. À aucun moment, l’ONU et ses démembrements n’ont pas été impliqués dans les tentatives de règlement du conflit entre l’Ukraine et la Russie. C’est son dysfonctionnement qui explique la liberté dont s’arroge aujourd’hui le Président américain, pour faire des droits de douanes des moyens de pression sur les États. Affaiblie et discréditée, l’ONU n’arrive plus à garantir les relations de convivialité et de respect mutuel entre les États, pourtant indispensables au maintien et à la préservation de la paix dans le monde.

Heureusement, les agences du Système des Nations unies, investies de missions opérationnelles dans les domaines de la bonne gouvernance et de la lutte contre la pauvreté, accomplissent un travail remarquable dans les pays en développement. Le PNUD et l’UNESCO contribuent de manière appréciable à l’expansion et à la démocratisation de la culture et des connaissances ; l’OMS, l’UNICEF et l’UNFPA contribuent à l’amélioration de la santé et du bien-être de la population, y compris des enfants ; la FAO apporte au développement de l’Agriculture les technologies et les techniques les plus innovantes ainsi que le financement approprié ; les institutions de Bretton Woods (Banque Mondiale  et Fonds Monétaire International) ont significativement amélioré la bonne gouvernance dans nombres de pays.

Ces acquis des agences mitigent les effets des carences de l’organisation. Ce qui n’écarte pas qu’on se penche sur les causes, le déroulement et les effets du dysfonctionnement, afin de donner une nouvelle âme à l’ONU.

Abraham Kayoko Doré