Sous les yeux de ses invités et homologues gabonais et rwandais, le président de la transition guinéenne a officiellement lancé mardi 11 novembre les opérations de production et d’exportation du minerai de fer de Simandou. Environ 120 millions de tonnes annuelles prendront la direction de la Chine, avec en perspectives une transformation locale en pellète ou acier. 

A en croire le ministre des Mines, Bouna Sylla, la transformation en Guinée du minerai de fer de Simandou en acier ou en pellète (produit semi fini vers l’acier) « n’est pas une option. C’est une exigence. » Les études de faisabilité devraient démarrer incessamment et prendre fin dans un an.

La production, suivie de l’exportation, a déjà commencé. Mamadi Doumbouya en a donné le coup d’envoi ce 11 novembre à Moribayah, dans la préfecture de Forécariah (à 110 km au sud de Conakry). Par voies terrestre, maritime ou aérienne (pour le trio de chefs d’État), les invités ont rallié le lieu de la cérémonie qui abrite le port minéralier d’où sera exporté le fer extrait de Simandou (sud-est de la Guinée), transporté par train sur 650 km de rail. Winning consortium Simandou (WCS), qui détient les blocs 1 et 2 (situés dans la préfecture de Kérouané) et Rio Tinto Simfer (blocs 3 et 4, à Beyla) disposent chacun d’un quai.

Une fois au port de Moribayah, le minerai est stocké ou directement déchargé dans des barges qui l’acheminent en haute mer. Où le transbordement s’effectue dans des gros navires de 150 000 à 200 000 tonnes, direction la Chine. Et le cycle recommence…

Avec une teneur en fer de 65%, le minerai tiré de la montagne de Simandou est d’une grande qualité. Il contient moins d’impureté, jouera un grand rôle dans la décarbonation de l’industrie de l’acier très polluante. La Guinée est actionnaire de 15% dans la mine et autant dans la Compagnie du TransGuinéen (CTG), la structure chargée de gérer les infrastructures ferroviaires (double voies ferrées) et portuaires. Celles-ci seront utilisées pour transporter aussi bien du minerai de fer que des personnes et des marchandises.

Une cérémonie aux allures de campagne

Jusque-là, il était dit que les infrastructures seront rétrocédées à la Guinée au bout de 40 ans d’exploitation. Djiba Diakité, ministre directeur de Cabinet de la Présidence et président du Comité stratégique du Simandou, a annoncé dans son discours de circonstance que le pays en était déjà le propriétaire exclusif. Même que les sociétés concessionnaires sont maîtres de la mine, de leurs blocs respectifs.

Dans un discours fleuve, il n’a pas manqué d’encenser Mamadi Doumbouya : celui qui a réalisé ce rêve de trois décennies, qui était devenu une sorte de serpent de mer. Si les jalons ont été posés en 2019, sous Alpha Condé avec le début des travaux enclenchés par WCS, tout s’est accéléré avec le changement de régime survenu le 5 septembre 2021. Dès mars 2022, le tombeur d’Alpha Condé a tapé du poing sur la table. Mamadi Doumbouya a intimé les différentes sociétés à s’entendre sur un codéveloppement et l’utilisation partagée des infrastructures. Ce qui a permis d’amoindrir les coûts et de tenir le pari d’une entrée en production au bout de trois ans. Même si Winning consortium Simandou a réalisé le gros lot et que Rio Tinto n’a eu qu’à construire l’embranchement d’une trentaine de kilomètres, entre sa mine à Beyla et la voie principale menant à la côte Atlantique (ouest).

Pour la cérémonie de lancement aux allures de campagne électorale (la présidentielle à laquelle Doumbouya est candidat aura lieu dans un mois et demi), les autorités ont mis les petits plats dans les grands. Mamadi Doumbouya s’est entouré à l’occasion des présidents rwandais Paul Kagamé et gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema. Les Premiers ministres ivoirien, léonais et le vice-Premier ministre chinois ont rejoint la loge officielle, marchant aux côtés de leur homologue guinéen, Amadou Oury Bah. Le ministre des Affaires étrangères mauritanien, une délégation malgache, les responsables de Rio Tinto et des différentes sociétés actionnaires de WCS ont également réhaussé l’événement de leur présence.

Diawo Labboyah Barry

Envoyé spécial