Les réseaux sociaux, initialement conçus comme des outils de communication et de partage, sont devenus pour une grande partie de la jeunesse une dépendance silencieuse aux conséquences profondes. Derrière les écrans lumineux et les promesses de reconnaissance virtuelle se cache une réalité plus sombre : celle d’une génération happée par l’instantané, prisonnière du regard des autres et progressivement coupée de l’essentiel.
Aujourd’hui, de nombreux jeunes mesurent leur valeur au nombre de likes, de vues ou d’abonnés. Cette quête permanente de validation numérique fragilise l’estime de soi, alimente l’anxiété et favorise une comparaison sociale constante, souvent injuste et destructrice. La vie réelle, avec ses lenteurs, ses efforts et ses imperfections, paraît soudain moins attrayante face à des vies filtrées, mises en scène et idéalisées.
L’addiction aux réseaux sociaux impacte également la vie quotidienne : baisse de la concentration, troubles du sommeil, isolement social, perte du sens de l’effort et difficulté à construire des relations authentiques. Dans les familles, à l’école, dans les espaces publics, le silence des écrans remplace le dialogue. On est connecté à tout, sauf à ceux qui sont physiquement présents.
Plus grave encore, cette dépendance détourne les jeunes des enjeux fondamentaux : l’éducation, la lecture, la réflexion critique, l’engagement citoyen. Le temps passé à scroller devient un temps volé à la construction personnelle, à la découverte de soi et à la préparation de l’avenir. Une société qui laisse sa jeunesse s’enfermer dans cette spirale numérique compromet sa propre trajectoire.
Il ne s’agit pas de diaboliser les réseaux sociaux, qui peuvent être des outils puissants d’information, de mobilisation et de créativité. Mais leur usage doit être encadré, conscient et responsable. Les parents, les éducateurs, les pouvoirs publics et les plateformes numériques ont une responsabilité collective : celle de protéger la santé mentale des jeunes et de leur redonner le goût du réel.
Réapprendre à déconnecter pour mieux vivre, à lever les yeux de l’écran pour regarder le monde, à privilégier la profondeur plutôt que l’instantané : tel est le défi de notre époque. La jeunesse mérite mieux qu’une vie réduite à un fil d’actualité. Elle mérite du temps, du sens et un avenir à construire, hors des illusions numériques.
Dr. Ousmane Kaba, le président du parti PADES.


