Dimanche 28 décembre, jour de l’élection présidentielle en Guinée. Ambiance plutôt morose dans plusieurs centres de vote du quartier Yattayah T6, commune de Sonfonia. Dès les premières heures de la matinée, l’affluence est jugée faible par les responsables électoraux. Une situation attribuée notamment à la délocalisation de certains bureaux de vote ainsi qu’aux nombreuses difficultés liées aux votes par dérogation ou par procuration.
À l’école franco-arabe de Missira et au centre délocalisé de la Cour Voltaire, les bureaux de vote ont ouvert vers 8 heures, accusant près d’une heure de retard en raison de plusieurs imperfections organisationnelles.
Mamadou Lamarana Diallo, chef secteur de Missira, évoque des incompréhensions persistantes avec certains électeurs. « Nous avons du mal à nous faire comprendre. Des électeurs se sont recensés ailleurs avant de déménager dans notre quartier. Ils veulent absolument voter ici, mais sans procuration. Il y a aussi des malades qui souhaitent voter dans nos bureaux alors qu’ils ne figurent pas sur nos listes. Si rien n’est fait, la population pense que nous sommes incapables, alors que ce n’est pas de notre ressort. Ils repartent souvent très énervés », explique-t-il. À ces difficultés s’ajoute la fermeture de la circulation, rendant l’accès aux bureaux de vote éloignés particulièrement compliqué pour de nombreux citoyens ayant changé de domiciles.
Au bureau de vote numéro 6 du centre Cour-Voltaire, en revanche, le scrutin se déroule dans le calme. Les électeurs se présentent à tour de rôle. Amadou Oury Diallo, président de ce bureau, se montre rassurant : « Tout se déroule très bien. Je n’ai constaté aucune anomalie. Tous les membres du bureau se sont présentés à l’heure et le travail se fait dans de très bonnes conditions. »
Espoir et abstinence
Dans ce bureau, 432 électeurs sont inscrits. Aux environs de midi, seuls 15 à 20 % d’entre eux avaient accompli leur devoir civique. Une participation jugée timide, mais que le président du bureau relativise. « On ne peut pas dire que les gens ne viennent pas, mais il n’y a pas l’engouement attendu. Ils arrivent progressivement. J’espère que d’ici à 18 heures, heure de fermeture des bureaux, nous atteindrons 300 à 330 votants ».

Anticipant d’éventuelles tensions, il dit avoir sensibilisé son équipe à l’avance :« Il arrive que certaines personnes cherchent à créer la pagaille. Nous avons été préparés à prévenir les conflits, à bien accueillir les électeurs et à faire en sorte que tout se passe sans problème. »
Dans le quartier de Yattayah, plusieurs habitants ont toutefois choisi de ne pas voter. Un vendeur de motos, ayant requis l’anonymat, affirme ne pas vouloir perdre son temps en se rendant au bureau de vote. Selon lui, sa participation « ne changerait rien au résultat ». Il se dit convaincu de la victoire de Mamadi Doumbouya et se montre surtout déçu par l’exclusion de Cellou Dalein Diallo de la course.
À l’inverse, Ibrahima Diallo, habitant du quartier, a tenu à voter. « En tant que bon citoyen, il faut venir voter. J’espère que mon candidat obtiendra des voix, même s’il ne remporte pas le scrutin », confie-t-il. Il trouve normal la candidature de Mamadi Doumbouya, mais est sceptique quant à l’issue du vote :« Si on se fie au passé, aucun président n’organise des élections pour les perdre. On attend donc les résultats pour voir. »
En attendant, le vote se poursuit dans les différents centres du quartier, où les électeurs continuent d’arriver au compte-gouttes.
Abdoulaye Pellel Bah


