Une flopée d’élections a clos en Afrique l’année 2025. Le 21 septembre 2025, la Guinée a organisé un scrutin référendaire pour l’adoption d’une nouvelle constitution élaborée dans le cadre de la transition ouverte le 5 septembre 2021. Elle vient, ce dimanche 28 décembre, de se rendre dans les urnes pour élire le Président de la République et mettre fin à la période transitoire. Un autre pays de l’Afrique de l’Ouest, en l’occurrence la Côte d’Ivoire, est en pleine fièvre électorale depuis octobre 2025. Après l’élection Présidentielle du 25 octobre, elle a élu les députés le 27 décembre 2025. Plus loin, en République centrafricaine, s’est tenu le 28 décembre, un quadruple scrutin combinant élections Présidentielle, législatives, régionales et municipales.
Si on peut se réjouir du climat globalement serein de l’organisation de ces votes, on ne peut pas ne pas déplorer des avatars qui pourraient mettre en doute leur inclusivité et impacter conséquemment les résultats. On a observé que partout, le processus électoral s’est pourvu de mesures permettant juridiquement de retoquer la candidature des challengers influents et encombrants. En Guinée, une accusation de détournement de deniers publics a contraint à l’exil Cellou Dalein Diallo, le président de l’UFDG, qui n’a donc pu candidater à l’élection Présidentielle du 28 décembre 2025. Alpha Condé du RPG, renversé et en exil en Turquie et Sidya Touré de l’UFR ayant atteint la limite d’âge, n’ont pu non plus participer à la compétition. Ainsi, aucun des leaders charismatiques n’a participé à la course. S’agissant de la Côte D’Ivoire, les ténors des partis politiques sont tous passés par des trappes juridiques construites par le pouvoir. Les coureurs endurcis et expérimentés n’étaient pas là. En Centrafrique, on a vécu la même expérience, la même réalité.
Le processus électoral est toujours sujet à caution sur le continent, quoique les élections y soient régulièrement organisées. On n’atteint jamais la perfection, voire la satisfaction. On est dans un perpétuel mouvement itératif, un sempiternel apprentissage. Tout cela renvoie à une réincarnation du mythe de Sisyphe. La récurrence des distorsions du processus électoral (fichier électoral incorrect, exclusion des opposants du processus, découpage électoral discriminatoire, montant excessif en constante évolution de la caution, etc.), entraîne à chaque consultation électorale, de graves conflits électoraux, mettant en péril l’unité nationale, la cohésion sociale et les fondements même de la nation. Cette situation préoccupante et existentielle requiert des hommes politiques, des intellectuels et des activistes de la société civile, la quête de solutions idoines à partir d’analyses politique, sociale, sociologique et culturelle. D’ores et déjà ces chercheurs peuvent toujours lorgner du côté de la sincérité des acteurs politiques auxquels revient, en général, la responsabilité d’organiser les scrutins. Les hics du processus électoral ne sont pas inhérents à la nature du système électoral expérimenté et usuel.
Un demi-siècle après les indépendances, le temps est venu pour les Etats africains de s’approprier les contraintes qui découlent de la démocratie et des élections qui en sont la principale vitrine.
Abraham Kayoko Doré



