Mamadi Doumbouya a été élu président de Guinée avec un score de 86,72 % au premier tour, selon les résultats provisoires de la Direction générale des élections (DGE). Des opposants ont dénoncé cette présidentielle, à l’image de Cellou Dalein Diallo. Le Premier ministre actuel, qui était aussi directeur de campagne du chef de l’État, défend, lui, le scrutin, accusant ses détracteurs d’être « en déphasage total avec la dynamique et la volonté populaires ».

En Guinée, le général Mamadi Doumbouya est déclaré élu président de la République dès le premier tour, avec près de 87 % des voix. Les résultats provisoires ont été proclamés ce 30 décembre 2025 peu avant minuit. Élection sans surprise, donc, car les poids lourds du champ politique guinéen sont soit en exil soit en prison, et donc écartés de la course, à l’instar de l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo qui dénonce « une mascarade électorale ».

« Une culture politique qui est de tout discréditer »

Des critiques balayées par le Premier ministre Bah Oury qui était aussi directeur de campagne de Mamadi Doumbouya. « Je pense qu’ils sont, comme par le passé, avec, disons, une vision et une culture politiques qui est de tout nier et de discréditer tout ce qu’il se fait, accuse-t-il au micro de Clothilde HazardEt, de ce point de vue, ils sont comme ils ont toujours été : en déphasage total avec la dynamique et la volonté populaires qui s’exprime et qui continuera de s’exprimer ».

Le chef du gouvernement guinéen de prévenir : « Ils ont intérêt à changer de fusil d’épaule, à être plus objectifs. Si tel n’est pas le cas, ils finiront par être inaudibles pour l’écrasante majorité de la communauté nationale. »

Quatre ans après le coup d’État qui l’a porté au pouvoir, Mamadi Doumbouya a donc assis sa position à la tête de la Guinée. Abdoulaye Yéro Baldé, chef du Front démocratique de Guinée (Frondeg), est arrivé deuxième avec 6,59 % des voix.

Le taux de participation, lui, s’élève à 80,95 % selon la présidente de la DGE, Djénabou Touré, un chiffre en baisse par rapport à celui annoncé dimanche à la fermeture des urnes.

Pour les observateurs de l’UA et de la Cédéao, un scrutin «dans un climat serein» mais avec «des questions sur son inclusivité»

Les observateurs de l’Union africaine et de la Cédéao félicitent les autorités guinéennes pour la bonne organisation du scrutin. Dans leur déclaration préliminaire, ces instances régionale et continentale félicitent les autorités pour la bonne organisation du scrutin qui « s’est déroulé dans un climat paisible et serein ».

La Cédéao « note un bon taux de participation », sans le préciser, décrit un vote « pacifique et ordonné ». Malgré « une légère cacophonie » en fin de journée, poursuit l’Union africaine, due à l’annonce tardive de la prolongation du scrutin d’une heure supplémentaire.

Les observateurs concluent en demandant à l’UA d’accompagner la Guinée « par une levée des sanctions » imposées depuis le putsch du général Doumbouya.

Malgré tout, UA et Cédéao relèvent l’absence des grands acteurs de la scène politique guinéenne, tels que Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Alpha Condé, « ce qui soulève des questions sur l’inclusivité du scrutin ».

La Cédéao va plus loin et « fait état d’un amenuisement de la liberté de la presse et des droits politiques, limitant les conditions d’une compétition pleine et entière ». La mission ouest-africaine constate également que les adversaires du candidat Doumbouya étaient représentés dans moins de 10 % des bureaux de vote visités, contre 93 % pour le grand favori. Une Cédéao qui déplore aussi que dans la ville de Kérouané, à Kankan – région natale du président – des urnes aient été illégalement emportées pour un dépouillement à la Direction générale des élections, organisatrice du scrutin, en invoquant le faible éclairage des bureaux de vote !

Parmi ses conclusions, hormis « l’examen de la possibilité de lever les sanctions » contre la Guinée, l’UA se contente d’appeler Conakry à « lutter efficacement contre le phénomène des enlèvements et disparitions de personnes, qui mine la confiance des citoyens ».

Par RFI