A Namur en Belgique, Adama Condé, 34 ans, a été tué par la police belge, le 14 décembre. Les autorités guinéennes et la diaspora réclament justice.
Le même 20 décembre, Morissanda Kouyaté, ministre guinéen des Affaires étrangères, a condamné « avec fermeté » le meurtre et exigé une enquête « indépendante, crédible et transparente ». Le drame est survenu lors d’une intervention de la police belge. Tout aurait commencé par une bagarre au couteau, entre la victime et une femme. Un témoin de la scène, dans un tunnel, a filmé une partie de l’intervention policière. Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, on y voit des policiers en action et entend des tirs retentir. Puis, Adama Condé se dandine, s’écroule. Les agents se ruent sur lui pour « maîtriser » le mourant. Pire, l’un d’eux lui assène des coups de poing à la tête.
Manifestations à Namur
A la faveur d’une conférence de presse le 15 décembre, Étienne Gaublomme, procureur de Namur, a déclaré que « l’intervention s’est passée de manière difficile, puisque quatre policiers ont été blessés. Il [Adama Condé] était suspecté d’être porteur d’une arme. » Selon le magistrat, les tirs de gaz lacrymogènes des policiers n’auraient rien donné : « Face à la menace qui continuait, les policiers ont fait usage d’une arme à feu à trois reprises, la personne est décédée. »

Étienne Gaublomme ajoute qu’une enquête a été ouverte afin de déterminer si la police a agi conformément à la loi.
Le Conseil des Guinéens de Belgique (CGB), le Haut conseil des Africains et la Communauté guinéenne de la province de Namur ont manifesté le 20 décembre dans ladite ville. « La police est là pour nous protéger, pas pour nous assassiner. Halte à la violence ! », lit-on sur les pancartes et banderoles des manifestants.
Sur les réseaux sociaux, une Guinéenne interpelle ses compatriotes : « C’est à nous de réclamer que la justice soit faite pour notre frère. Car, ce qui s’est passé est anormal. Nous demandons la vérité, la transparence et des enquêtes rigoureuses. »
Réactions à Conakry
Morissanda Kouyaté, ministre des Affaires étrangères, a réagi le 20 décembre dans un communiqué. Il dit suivre de près l’évolution du dossier via l’ambassade de Guinée à Bruxelles et dénonce l’usage d’armes à feu par les policiers belges contre la victime. « Si les conclusions définitives de l’enquête sont encore attendues, il ressort néanmoins à la lecture des éléments actuellement disponibles que l’usage d’armes à feu par quatre agents de police pour maîtriser un seul individu ne saurait en l’état être considéré comme une nécessité qui s’imposait absolument. »
Le chef de la diplomatie guinéenne ajoute que Conakry, qui entretient avec Bruxelles des relations d’amitié et de coopération, « condamne avec fermeté et sans ambiguïté cette tragédie résultant d’un usage manifestement disproportionné de la force. » Et d’ajouter : « La Guinée exige que les diligences nécessaires soient prises par les autorités belges afin de mener une enquête indépendante, crédible et transparente, et que les auteurs de cet acte soient traduits devant les juridictions compétentes et sanctionnés à la hauteur de leurs responsabilités. »
Morissanda Kouyaté promet de rapatrier la dépouille d’Adama Condé en Guinée.
Souleymane Bah



