Ce 28 décembre, les Guinéens élisent leur nouveau Prési de la République pour les sept prochaines années. A Kobayah-rails, la mobilisation n’est pas du tout au rendez-vous.

C’est l’heure de la vérité pour les 9 candidats à la présidentielle. Les électeurs sont censés les départager ce dimanche. Si Mamadi Doumbouya fait figure de grand favori, d’autres candidats comme Abdoulaye Yéro Baldé du parti Frondeg ou Mohamed Nabé de l’ARP espèrent créer la surprise. A Kobayah-rails, nouveau quartier de la commune de Sonfonia, il n’y a pas d’affluence. Peu de personnes se sont mobilisées devant les bureaux de vote.

Pour cette présidentielle, c’est pire que lors du référendum du 21 septembre dernier. Avant même 9h, les bureaux de vote étaient totalement vides. Pas l’ombre d’un d’électeur.

Pourtant, Kobayah-rails compte pas moins de 4 820 électeurs, répartis en 11 bureaux de vote. Ces bureaux sont distillés dans dans 4 centres : Masdjidou Tawhid et Groupe scolaire Aimé Konan Bédié pour les électeurs du secteur Kissi-Baillo. L’École El Moutasmine pour ceux du secteur Koumbassaya et Groupe scolaire Karamokoba pour les électeurs du secteur Karambaya. Mais dans ces 4 centres de vote, il n’y pas pratiquement plus de trace d’un votant.

Au grand dam d’une électrice : « Je suis venue voter, parce que je m’attendais à un sursaut des Guinéens. Mais je me rends à l’évidence que le changement n’aura pas lieu. » Elle regrette déjà l’absence des grands partis politiques : « Une élection en Guinée sans l’UFDG et le RPG n’en est pas une. Tu ne peux pas tuer le père de famille et demander à ses enfants de danser. Ceux qui ont forcé pour aller à cette élection comprendront qu’ils ne font pas le poids. » Un délégué de la Génération pour la modernité et le développement du candidat Mamadi Doumbouya d’enfoncer le clou : « Ce qui se passe est pitoyable. Il n’y a aucun engouement. On va poireauter toute la journée pour avoir nos primes à la fin. Mais le perdant, c’est la Guinée. »

Hics mineurs

Dans les bureaux de vote, s’il faut souligner la présence remarquée des forces de l’ordre (entre deux et quatre agents par bureau de vote), tout ne se passe pas comme prévu. Dans le bureau de vote Kissi-Baïllo 1, un assesseur porte une chemise à l’effigie du candidat Mamadi Doumbouya. La plupart des bureaux de ce quartier ont ouvert en retard. La cause, le manque des scellés pour les urnes ou le retard des membres des bureaux de vote.

Les délégués des partis portent des gilets estampillés « membres de bureau de vote ». Au centre Karamokobayah, un délégué du Frondeg a été sommé de quitter les lieux, parce qu’il n’avait pas de badge, alors qu’il était muni d’un ordre de mission. Dans les 11 bureaux de vote, il n’y a de délégués que pour la GMG de Mamadi Doumbouya, le Frondeg d’Abdoulaye Yéro Baldé et le BL de Faya Millimouno.

Dans la plupart des bureaux, la GMD a déployé deux délégués : « C’est ce que dit la loi », se justifie un superviseur. Mais un délégué pourtant déployé par la GMD peste déjà : « Nous sommes livrés à nous-mêmes. Hier, nous avons eu difficilement nos badges. Nos superviseurs, nous ne les avons pas vus. La liste sur laquelle se trouvaient nos noms a disparu. Il a fallu tout reprendre. Seuls les délégués de GMD souffrent comme ça. Les autres candidats se sont bien organisés. » Ce délégué craint désormais de ne pas entrer en possession de sa prime : « Tout est possible, parce qu’ils ont mal organisé ça. Certains de nos amis ont préféré abandonner. Je suis seul ici, alors qu’on devait être quatre. »

Au centre Kissi-Baïllo, un délégué du Frondeg n’a pas apprécié que les membres d’un bureau de vote aident les électeurs à choisir : « Ce n’est pas votre rôle. Si vous n’avez pas expliqué aux gens comment voter jusqu’à ce que les choses soient lancées, vous n’en avez plus le droit. » « Nous le faisons pour éviter les bulletins nuls », rétorque un membre d’un bureau de vote. « Vous expliquez, mais vous n’aidez pas », enchaîne le délégué. « Notez cela dans votre rapport, ne nous posez pas de questions », répond le membre du bureau.

Au moment où nous mettions en ligne, les membres des bureaux de vote continuaient à attendre les électeurs.

Yacine Diallo