Dimanche 28 décembre, les Guinéens votaient pour élire leur prési de la République après le renversement, le 5 septembre 2021, de l’ex-Prési Alpha Grimpeur. Le vote s’est déroulé dans le calme, malgré l’absence des poids lourds politiques et les bruits de bottes la veille du scrutin.

Au total 6,7 millions d’électeurs guinéens étaient attendus dimanche au compte de l’élection présidentielle du 28 décembre. Dans nombre de bureaux de vote sillonnés à Cona-cris, les opérations de vote se déroulaient sans anicroche, avec une mobilisation timorée. Les grands partis politiques comme l’UFDG de la Petite Cellule Dalein Diallo, l’UFR du Sid Touré ou encore le RPG de l’ex-Prési Alpha Grimpeur écartés, le scrutin devrait se jouer sur le taux de participation. Ces derniers adoptent la ligne du boycott, convaincus que les dés étaient d’avance pipés.  

Mamadi Doum-bouillant est dans la course, en dépit de ses engagements de départ selon lesquels ni lui ni aucun autre membre de la transition ne brigueraient une quelconque élection organisée pour le retour à l’ordre constitutionnel. Le Prési de la transition a face à lui huit autres candidats sans grande envergure, dont certains sont à leur baptême de feu électoral. Dans la plupart des cas, seule la Génération pour la modernité et le développement (GMD au pouvoir) comptait des délégués dans les bureaux de vote. Et dans une moindre mesure, on trouvait ceux du FRONDEG de l’ancien ministre Abdoulaye Yéro Ta-Baldé et du RGP de l’homme d’affaires Bouna Keita. 

Le Gêné-râle Mamadi Doum-bouillant, accompagné de sa douce-moitié et de leur dernier rejeton, a glissé son bulletin de vote sous bottes surveillances des éléments des Farces spéciales. Il était 11h 30 à Kaloum et au centre de santé de Boulbinet. Il a regagné le Palais Mohammed V situé à un jet de pierre de son lieu de vote, sans piper maux. Sans surprise. 

Le PM Amadeus Oury Bah a voté quant à lui en banlieue, dans son quartier Waréya, à Lambanyi. Il s’est dit satisfait et soulagé «qu’on ait pu tenir la date du 28 décembre. C’était un objectif prioritaire, être dans les délais. La deuxième chose, c’est un grand jour pour la Guinée. L’objectif de cette transition était de faire en sorte qu’on sorte par le haut de ce processus politique majeur.»

Le jour du vote, il n’y a pas eu d’incident. Ce qui n’a pas été le cas la veille. Le 27 décembre de 3h à 6h, des tirs nourris ont perturbé le sommeil des habitants de Sonfonia Africof, dans la haute banlieue de Cona-cris. Selon divers témoignages, une tentative d’arrestation d’un officier militaire a tourné aux affrontements armés entre hommes en treillis. Les langues fourchues déplorent des morts, des blessés et au moins une arrestation. 

Les autorités accusent une tentative de subversion étouffée dans l’œuf, tout en se gardant d’avancer un bilan. Amadeus Oury Bah y est allé de son interprétation : « Ce qui s’est passé hier est une illustration des positions extrémistes, radicales voire violentes des gens qui ont accumulé beaucoup de ressources financières. La déstabilisation peut prendre plusieurs formes. On peut ne pas faire un coup d’État mais essayer de gêner, créer une surenchère qui remet en cause la confiance de l’opinion quant à la stabilité du processus politique en cours. C’est l’objectif de ceux qui ont cherché à faire du bruit au détriment de l’intérêt national. C’est ce qui amène cette radicalisation de ceux qui sont de l’ancien système, qui considèrent que ce sont eux seuls qui doivent gouverner la Guinée. Mais l’État guinéen, après les enquêtes, fera ce qu’il faut en conformité avec le droit. »  

La Direction générale des élections donne 48h pour publier les résultats provisoires. Ainsi, choit-il. 

Diawo Labboyah